Alonzo n’est pas convaincu par Trapp, évoque la concurrence avec Sirigu et défend Douchez

Ancien gardien du Paris Saint-Germain de 2001 à 2008, Jérôme Alonzo a été interrogé par But! Football Club sur la situation des 3 gardiens actuels du club de la capitale.

Jérôme, quelles sont vos impressions au sujet de Kevin Trapp après ses trois premiers mois dans la capitale ?

« Il a manqué son match contre Bordeaux, c’est vrai. Mais des erreurs, on en commet tous. Cela me paraît réducteur de juger un gardien sur cinq minutes d’un match. Le reste a été très propre. Il a montré, selon moi, que c’était un bon gardien. L’avenir dira s’il est meilleur que Sirigu. »

Avez-vous compris, sur le coup, la décision des dirigeants parisiens de recruter un nouveau portier ?

« Sirigu est triple champion de France, doublure de Gigi Buffon en équipe d’Italie, il a un CV. Alors que Trapp, lui, n’est pas international et n’a jamais disputé la Ligue des champions. Je ne suis pas dirigeant du PSG, j’imagine que le club a mûrement réfléchi sa décision. Mais c’est vrai que c’est un pari qui pouvait se révéler risqué si Trapp ne s’adaptait pas à un nouveau pays, une nouvelle langue… Mais bon, il parle français au bout de trois semaines ! »

Trapp a été recruté pour son jeu au pied. Pour un gardien, c’est plutôt paradoxal. S’agit-il d’un effet de mode ou d’une réelle évolution du poste ?

« Mon jeu au pied était très moyen, donc je l’aurais sans doute mal pris (rires). Plus sérieusement, on ne peut pas nier un effet Manuel Neuer à l’échelle mondial. Tout le monde veut son Neuer bis. Dans mes souvenirs, c’est la première fois dans l’histoire du championnat de France qu’un gardien est recruté sur la foi de son jeu au pied. Cela tient à la volonté quasi-obsessionnelle de Laurent Blanc de repartir de derrière. Intrinsèquement, je ne suis pas convaincu que Trapp ait deux Sirigu dans chaque main, mais les recruteurs parisiens ont sans doute estimé qu’il deviendrait plus complet. »

Vous avez été en concurrence, au PSG, avec Lionel Letizi. Quelles sont les relations entre deux portiers rivaux et peuvent-elles nuire à l’équilibre du vestiaire ?

« (…) Salvatore a sans doute été touché dans son orgueil, c’est normal. Mais je suis convaincu qu’il n’y a pas d’animosité avec Trapp, pas plus qu’avec Douchez. Ce sont trois bons mecs intelligents et de ce que j’entends, Salvatore travaille de façon très pro à l’entraînement. De toute façon, il n’a pas de raison d’en vouloir à Trapp. Le PSG a fait un choix, ce n’est pas Trapp qui a décidé de venir faire ch… Sirigu. Si celui-ci en veut à quelqu’un, c’est aux dirigeants. »

Un mot sur Nicolas Douchez, qui se retrouve troisième gardien après avoir remporté deux trophées la saison passée…

« Comme je le connais, j’ai pu un peu parler avec lui. Certains ont peut-être l’image d’un joueur qui reste pour le pognon. C’est faux. Il apprécie le groupe et je pense pouvoir dire qu’il y est apprécié et toujours aussi important. Nico est très attaché au PSG et il se dit peut-être que faire partie d’une des cinq ou six meilleures équipes d’Europe, même comme doublure, c’est mieux que d’être titulaire dans une formation de milieu de tableau de L1. Son attachement pour le club le conduira peut-être à disputer zéro match cette saison. J’ai de l’empathie pour lui. Ce n’est pas facile de regarder ses partenaires prendre l’avion, de rater les mises au vert, de faire le décrassage avec les remplaçants. Et l’argent n’a rien à voir avec ça. »

L’arrivée de Trapp a été une surprise cet été. Bien que Sirigu sortait d’une saison moyenne et que l’achat d’un gardien était clairement une possibilité, on s’attendait plutôt à un grand nom du football. Mais Petr Cech a signé à Arsenal, Casillas (certainement trop vieux) au FC Porto. Et le PSG a fait venir l’Allemand de 25 ans, avec une faible expérience dans les compétitions européennes.

De quoi surprendre les spécialistes et supporters, mais aussi vexer Sirigu, remplacé par un joueur d’un club inférieur à lui, plus jeune, moins expérimenté. Et ses première sorties n’ont pas spécialement convaincu. Dans le jeu au pied si, en mettant à part le but encaisse à Bordeaux. Mais pour ce qui est des arrêts, Trapp n’a pas marqué les esprits. De quoi peut-être rendre la situation encore plus difficile à vivre pour Sirigu, qui pouvait se sentir battu par une concurrence pas vraiment mise en place.

Mais Laurent Blanc continue de garantir que la situation n’est pas figée. D’ailleurs, Sirigu devrait jouer ce samedi et devra être parfait s’il veut sa chance. A la moindre erreur, la place de titulaire s’éloignera considérablement. La faute à un très bon match de Trapp face à l’OM avant la trêve.

Seulement, une très bonne performance ne devrais pas suffire à reprendre une place de titulaire. La concurrence se fera sur la saison, mais Sirigu part avec un désavantage: le jeu au pied, si cher aux yeux de Laurent Blanc. Si le poste de gardien ne peut pas se jouer seulement sur cet élément, à arrêts plus ou moins égaux, c’est forcément déterminant.

C’est en Ligue des Champions que la situation devrait être clairement établie. C’est dans cette compétition que Sirigu a pu être jugé insuffisant. C’est en Europe que Trapp est très attendu et doit prouver qu’il est bien l’un des meilleurs. C’est aussi pour cela que son forfait contre le Real Madrid serait très décevant. Un mauvais match pourrait relancer Sirigu, un excellent clore les débats.

Quant à Douchez, il est un peu dommage que certains résument son choix de rester au salaire. Il a plusieurs fois montré et affirmé son affection pour le club. Et il semble parfaitement intégré au groupe, où il peut encore avoir un rôle à jouer. S’il est triste de voir un joueur ne jamais être sur le terrain, Douchez semble l’accepté, pour cette saison du moins. Nous lui souhaitons tout de même une belle année de sortie, même si elle ne sera certainement pas au PSG.

Retrouvez nos articles sur Google News et MSN/Bing News :