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Edito - Présentation de Mauricio Pochettino, ou l’éloge de la vertu footballistique
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Autour du PSG

Edito – Présentation de Mauricio Pochettino, ou l’éloge de la vertu footballistique

Joueur, il avait quitté le Paris Saint-Germain après 2 saisons en 2003. Dont une en tant que capitaine. 17 ans et quelques mois après, Mauricio Pochettino revient dans son jardin qu’il n’a jamais cessé d’aimer, le Parc des Princes. Souvent décrit comme le disciple de Bielsa, le coach argentin dispose de plusieurs atouts dans son sac. Entreprenant, charismatique, fin stratège : on ne manque pas d’éloges à son égard. Après avoir offert à Tottenham (2014-2016) ses premières lettres de noblesse en Première League et sur la scène européenne (finale en 2019 face à Liverpool), un tout autre challenge l’attend au PSG. Présentation du nouveau maestro argentin sur le banc Parisien.

Un homme de caractère.

Mauricio Pochettino est un homme patient. Et de cœur. Après avoir terminé sa carrière de joueur à l’Espanyol Barcelone, c’est dans ce même club qu’il se voit confier sa première aventure sur un banc. Alors premier relégable et à 6 mois d’inaugurer son nouveau El Prat (stade de l’Espanyol Barcelone), il y a péril dans la demeure. Après un changement d’entraîneur infructueux, l’Espanyol est à 5 points du premier non-relégable. Urgence, vous avez dit ? C’est le 2 novembre qu’un petit nouveau, joueur étranger le plus capé sous le maillot de ce club, est intronisé. Pas peu fier d’une expérience de 6 mois dans le football féminin, la Poche est nommé entraîneur. Enfin. Et ses premiers mots démontrent alors le leader qu’il est. Pour lui, il est question « de rester unis », condition sine qua none à la réussite de la mission sauvetage.

Il existe des débuts qui marquent plus que d’autres. Dans une ville partagée en deux, historiquement et socialement, le derby compte. Si sportivement, l’Espanyol ne l’emporte que très rarement ces dernières années, il commence son périple par un 1/4 de finale en Coupe du Roi face à l’éternel rival. Avec un match nul 0-0 accroché avec courage et personnalité. En conférence de presse d’après-match, il confiera que « presser haut les Catalans est une preuve de courage. On ne peut pas être courageux dans la vie et ne pas l’être sur le terrain ».

Mauricio Pochettino – 22.12.2013 – Southampton / Tottenham – 17eme journee de Premier League

Des débuts marquants.

C’est ici son premier principe : jouer comme l’on est. Héritage de Marcelo Bielsa, son mentor. Et, son premier exploit, il le tient 1 mois suivant. Ce soir-là, le génial Pep voit la naissance de celui qui deviendra, 10 ans plus tard, comme un grand entraîneur. 27 ans que l’Espanyol ne s’était plus imposé au Camp Nou. Demandez aux Perruches, ils s’en souviennent encore. Ironie du sort, c’est face au Barcelone qu’il dirigera son premier match européen sous les couleurs Parisiennes (en 8e de finale de la Ligue des Champions). Face à un traumatisme encore présent pour de nombreux joueurs et supporters, Pochettino aura alors une mission d’envergure.

Pochet’ a réussi une très belle première saison en finissant 12e avec les Perruches. Il y est resté durant 2 saisons de plus durant lesquelles il a terminé 11e puis 13e. L’été 2012 sera plus compliqué. L’Espanyol, en proie à d’importants problèmes financiers, doit liquider ses joueurs. Avec un mince effectif, le début de saison sera catastrophique. Un cycle footballistique dure 3 ans. Pochettino part en novembre, soit 3 ans après son arrivée. Licencié, mais avec une place de choix dans le cœur des supporters de l’Espanyol.

La révolution du football anglais.

Continuant sa progression, c’est en 2012-2013 que sa carrière a définitivement basculé. Le St-Mary’s stadium de Souhampton vient de connaitre deux montées en deux ans. Les voilà dans la Sainte-Reine des Championnats : la Premier League. Une saison compliquée qui amène un changement d’entraîneur avec la signature de Pochettino en janvier. Après son arrivée, les Saints font tomber tour à tour Chelsea, Manchester City et Liverpool. Southampton se maintient avec la 14e place : l’Angleterre est sous le charme. Le charme de cet Argentin qui ne lâche rien. Parlant anglais comme une vache espagnole mais éperdu par l’amour d’un football total. Pressing, jeu de possession : tout y est. La Poche et sa troupe deviennent un spectacle. Morgan Schneiderlin, ancien international Français, confie alors que Pochettino aime deux choses : que ses joueurs aient des poumons tout en jouant au ballon. Le Bielsisme a son paroxysme. Et il atteint une belle 8e place la saison suivante.

Mais sa première grande aventure, il l’a vécu chez les Spurs. Avec lui, Tottenham renoue avec ses fortunes anciennes. 5e et une finale de League Cup pour sa première saison, ensuite une 3e place après une fin de saison catastrophique (2 nuls et 2 défaites) alors que les Spurs étaient les seuls à suivre la cadence infernale de Leicester. Puis, un an plus tard, le Graal. Enfin presque. Une seconde place face à Chelsea. Cela faisait 50 ans que le Nord de Londres, blanc vêtu, n’avait plus connu cela. Mais, cette performance laisse un goût amer : malgré une saison de qualité, l’équipe  ne parvient toujours pas à remporter un trophée.

Tottenham Hotspur manager Mauricio Pochettino and Christian Eriksen (background) on the bench during the UEFA Champions League Group B match at Tottenham Hotspur Stadium, London.
Photo by Icon Sport – Mauricio POCHETTINO – Christian ERIKSEN – London Stadium – Londres (Angleterre)

Pochettino « Le football, c’est transmettre de l’émotion. »

Malgré tout, Pochettino conserve ses vertus, là aussi héritée du Bielsa. Pour lui, le football est une question d’émotion. Qu’importe le résultat, la question est parfois liée à ce que l’on ressent. Pour lui, le football se vit. Dans L’Equipe, il apportera toute sa vision des choses :

«Le football, c’est transmettre de l’émotion. C’est un sport merveilleux qui nous transporte. On ne transmet pas seulement un résultat, on transmet des sentiments. L’élaboration transmet parfois beaucoup plus d’émotions qu’un résultat. En fait, tout dépend de la façon dont tu ressens les choses, de la façon dont ton groupe vit. Ensuite, tout le développement, jusqu’à obtenir un résultat, doit être une forme de synchronisation, comme un orchestre. Parce qu’en définitive tout ce que tu cherches à traduire, ce sont des émotions. On ne peut pas séparer les deux.»

Guardiola, battu 9 ans plus tôt, le considère désormais comme l’un des meilleurs managers. On prête au Real Madrid un intérêt tout particulier. Florentino Pérez a d’ailleurs failli en faire le digne successeur de Zidane en novembre dernier. Puis vient une année incroyable. Comme un couronnement de ce que Mauricio Pochettino a toujours été en tant qu’entraîneur. L’année où, ses préceptes de l’émotion sont venus conquérir les cœurs du monde entier.

Le football de Pochettino à son paroxysme : la scène européenne.

Nous sommes en 2019. Après une phase de poule délicate où trônait le FC Barcelone et l’Inter Milan (rien que cela), il obtient avec ses joueurs une qualification de justesse après avoir perdu ses deux premiers matchs. Avec deux matchs de légende face à City puis l’Ajax. A l’Etihad, un nuage de folie va alors s’abattre lors du face à face des deux disciples de Bielsa. Guardiola-Pochettino, encore une fois. Du jamais vu dans l’histoire de la Champions League. Une véritable dramaturgie.

Ce soir-là, City ouvre le score au bout de 4 minutes avec Sterling. Puis, 130 secondes. 130 secondes pour Son. City est battu, par deux fois. Tottenham et son beau jeu viennent alors s’offrir une possession encore meilleure que celle du coup d’envoi. Mais City va alors changer les choses. 2-2 après 10 minutes de jeu. Oubliez les préceptes du football tactique. Seule l’émotion compte. Et leur gestion. Sterling offre l’avantage à City. Trop facile. Trop simple. Sissoko se blesse, Tottenham doit modifier son plan de jeu. Déjà malmené, Aguero viendra marqué le but de la qualification. City 4-2 Tottenham. Oui mais.

La beauté du football.

Le plus improbable va se produire. Llorente, du dos ou de la main, marque pour les Spurs. Pendant 4 minutes, l’arbitre Turc du soir Cekir visionnera les images. Il réfléchit. Puis il tranche : but accordé. City 4-3 Tottenham. 92e minute. Aguero est lancé dans la profondeur puis sert Sterling en retrait. Ce dernier crucifie alors Hugo Lloris. City 5-3 Tottenham. Les Citizens ressuscités, Pochettino anéanti. Sauf que la VAR intervient. Aguero était HJ d’un demi-talon. Le banc des Spurs explosent de joie. City 4-3 Tottenham. Les Spurs se qualifient. Ce soir-là, tout y était. Le football offensif et l’émotion. L’adaptation également. « Une émotion unique ». Enfin pensait-il.

Car à la Joan Cruyff Arena, Tottenham remet le couvert. Dans un stade survolté, contre un club de légende qui n’attendait qu’une chose : créer le plus bel exploit de son histoire. Partit du deuxième tour préliminaire, l’Ajax retrouvait alors le sommet du football européen. Menés 2-0 à la mi-temps, les Spurs disposent de 45 minutes pour renverser la situation et marquer 3 buts. 45 minutes pour la gloire. 45 minutes pour l’éternité. Lors de cette mi-temps, Pochettino y croit. Le gardien Hugo Lloris confiera ensuite alors que l’entraîneur avait su trouver les mots justes. L’histoire fera le reste. Ce soir-là, un triplé de Lucas, l’ancien Parisien, propulse les Spurs en finale. La voici, la dernière gloire de Mauricio. Dans ce qui est très certainement l’une des plus belles demi-finales de l’histoire.

Des larmes. De joie. Dans une soirée, une nouvelle fois irrationnel. « Quand vous ressentez cet amour, il n’y a plus de stress, mais de la passion. Et ce qu’on a montré aujourd’hui, c’est notre amour passionné pour le football ». Les mots ont un sens. Et, on en vient toujours à la même conclusion, les préceptes du beau jeu. Tottenham vient de réaliser son plus bel exploit de son histoire. Même s’il perd finalement la finale, c’est un super parcours dont on se souvient.

Tottenham Hotspur’s Manager Mauricio Pochettino ..Photo by Icon Sport – Mauricio POCHETTINO – Falmer Stadium – Brighton (Angleterre)

De belles retrouvailles, qu’il faut ensuite réussir.

5 ans dans un club, c’est longs. Et les préceptes, souvent perçus comme ceux d’un autre temps, celui où le football prenait son temps, ont leur limite. « Aujourd’hui, le football n’attend personne ». La Poche peste. Lui, qui 5 mois plus tôt venait d’offrir à Tottenham ses lettres de noblesse dans le gratin européen prend la porte après un début de saison raté. Depuis, malgré de nombreuses convoitises de clubs européens dont Manchester United, Pochettino est resté libre. Lui, rêvait du PSG. Le voici désormais sur le banc, laissé vacant par Tuchel, 5 mois après … une finale de Ligue des Champions. Là aussi, c’était la première du club Parisien. L’amour est une question de tempo. Pochettino et Paris en sont désormais au même stade : celui de nouer, après avoir échoué, une relation encore plus proche avec la Coupe aux Grandes Oreilles.

Retrouvez ici notre podcast à propos du départ de Tuchel et de l’arrivée de Pochettino.

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