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Exclu - Michel Montana nous explique son rôle de speaker au Parc des Princes, avec ses rêves et difficultés

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Exclu – Michel Montana nous explique son rôle de speaker au Parc des Princes, avec ses rêves et difficultés

Michel Montana, le speaker officiel du Parc des Princes, le stade du Paris Saint-Germain, depuis 1998, nous a accordé une interview afin de revenir en détails sur son métier. L’occasion de bien comprendre son rôle et sa façon de faire, sans oublier quelques spécificités, qu’elles soient positives ou négatives. Nous sommes aussi revenus sur ses rêves et plus beaux souvenirs.

Comment êtes-vous devenu le speaker du Parc des Princes?

C’est un peu un hasard, comme souvent dans la vie d’ailleurs. Je travaillais pour Canal Jimmy, la chaîne dont j’étais la voix, et il y avait un programmateur musical qui était aussi le programmateur du Parc des Princes. Donc on a parlé foot.

C’est comme ça que j’ai été amené à faire des remplacements à partir de la saison 94-95, ensuite j’ai fait tous les matchs de la Coupe du Monde 98 au Parc des Princes. A la suite de ça, le PSG m’a demandé si je voulais devenir le speaker officiel.

Et ce rôle vous faisait envie depuis longtemps ou c’est venu sur le moment?

Je suis de la région parisienne, j’ai toujours été amateur de ce club, c’est mon club de cœur. A travers mes activités professionnelles, j’étais amené à manier le micro. Aimant cela et le foot, c’est vrai que j’en rêvais. Mais je n’imaginais pas le faire un jour, c’est vraiment le hasard.

Vous pensez qu’il serait possible de faire ce métier sans être supporter du club?

Honnêtement, ce serait difficile même si c’est possible. J’en veux pour preuve que maintenant j’ai un peu moins de liberté quant à l’animation, j’ai des impératifs, ce qui est normal. Aujourd’hui, quelqu’un qui n’aurait pas la culture foot pourrait peut-être le faire, en suivant les consignes, mais il manquerait la passion.

Quelles sont les consignes que vous avez?

Il y a celles de base, c’est à-dire celles de la Ligue, les choses qui valent pour tous les stades, comme annoncer les équipes, les buts, les changements, tout ce qui est informatif est obligatoire.

Et puis il y a tout ce qui est animation venant du club. J’ai un fil conducteur plus précis pour mes textes que je dois suivre. Je suis les consignes, c’est normal, en essayant de mettre ma petite patte à travers la composition de l’équipe, la façon d’annoncer les buts. Il y a toujours moyen de se démarquer un peu.

Montana bu

« là je me suis dit c’est parfait : Ici c’est Paris. »

D’ailleurs, vous avez changé la façon d’annoncer les buts il y a 2 ans, c’était votre initiative?

Oui tout à fait. Dès l’instant où ça ne touche pas le fond, les choses qui sont dépendantes de la Ligue ou du club, je suis libre. Donc pour ce qui est de la forme, je présente à ma façon, avec une personnalisation de certains éléments.

Comme le « Ici c’est Paris », à l’époque je cherchais quelque chose pour éviter les « Hip Hip Hip Houra » à la fin des matchs. Et je voulais le même nombre de syllabes. Je voulais un cri parisien pour la fin des matchs. Il y a des chants de supporters, des choses qu’on ne relève pas forcément, et là je me suis dit c’est parfait : Ici c’est Paris.

Alors j’ai essayé pour un match et ça a un peu répondu, puis de plus en plus.

Pareil pour le nom des buts, je n’ai rien inventé, mais je cherchais quelque chose pour phraser différemment.

Et pourquoi annoncer le nom 3 fois ?

Pour marquer le coup, 3 c’est pas mal. Au-dessus ça serait trop, même si ça se fait, comme le speaker de Naples. Mais c’est juste mon point de vue.

En parlant du speaker du Napoli, vous avez des « exemples » dont vous vous inspirez particulièrement?

Non, honnêtement, c’est le hasard pour le speaker du Napoli, je l’ai vu sur les réseaux sociaux. Je ne regarde pas vraiment sinon. Mes collègues français je ne les ai jamais vraiment vus à l’oeuvre. Je les connais parce qu’à une époque il y’avait une réunion par saison. Mais je ne les ai pas vu évoluer dans leur milieu.

Donc vous ne regardez pas d’autres matchs?

Pas sur les terrains à l’extérieur. Mais quand je regarde à la tété, je les entends en fond. D’ailleurs je crois que j’ai été pas mal pompé, comme certains journalistes m’ont dit « ici aussi ils font ‘Ici c’est…' », mais bon c’est normal.

Comment vous préparez un match?

Déjà, en lisant tout ce qui est dit sur le club. Ensuite, j’arrive 3 heures avant le match. J’ai une réunion avec la régie. Là on évoque tous les sujets, je vois mes textes, les pubs, les animations. Après, je suis relié à la régie par une oreillette.

Quand vous lisez ce qui se passe sur le club, ça serait, par exemple, pour trouver un moyen d’aider un joueur en difficulté?

Non, parce que je ne dois pas empiéter à ce niveau là. Je ne le fais pas et on me demanderait de ne pas le faire. D’autant plus que je pourrais très bien me planter à ce niveau là en n’ayant pas une info de dernière minute qui concerne le sportif, et émettre un avis qui ne serait pas le bon. Il vaut mieux que je m’en tienne à la présentation et à l’animation.

Montana Parc

« des fois j’ai l’impression de me prendre un grand vent »

Parfois, vous annoncez l’entrée des joueurs à l’échauffement mais ils ne rentrent pas tout de suite, pourquoi?

Des fois, la personne derrière le rideau me donne le top, sauf qu’au dernier moment il manque un joueur. Du coup le capitaine, généralement Thiago Silva, dit d’attendre. Mais moi j’ai déjà eu le top.

La solution serait simple: dès l’instant où le capitaine passe le rideau, j’annonce l’arrivée de l’équipe. J’espère un jour que ça changera, mais pour l’instant non. Du coup des fois j’ai l’impression de me prendre un grand vent.

Vous avez un contact avec les joueurs?

Moins, je ne peux plus trop les approcher, notamment au Parc pour des raisons liées aux chaînes. Je ne peux plus être dans l’axe des caméras, etc.

Avant je les accueillais quand il arrivaient, maintenant je ne peux même plus. Et comme les 3 quarts de l’équipe restent dans les vestiaires en dehors de l’échauffement, alors qu’à une époque tous les joueurs venaient sur la pelouse, du coup j’ai nettement moins de contacts. On se voit, on se dit bonjour rapidement. C’est un peu frustrant.

Même en dehors des matchs, vous ne leur parlez jamais?

De temps en temps j’allais au Camp des Loges, mais là moins. L’équipe est plus protégée, donc j’y vais moins. Mais je vais y retourner petit à petit.

Quel est votre avis sur les changements de musique à l’entrée des joueurs?

Je suis content qu’on soit revenu au Phil Collins, je l’aime bien. Et avec le Ô Ville Lumière derrière, cela satisfait un peu tout le monde. Après je ne suis pas décisionnaire. Ce sont des sujets auxquels je n’ai pas accès.

Vous avez dit ne pas pouvoir être dans l’axe des caméras pendant les matchs, mais alors depuis où suivez-vous la rencontre?

Je suis en dessous de la corbeille. Quand on regarde la tribune présidentielle, je suis en dessous à droite, avec une petite tribune. Il y a le délégué du match, les gens du club qui sont chargés de la relation avec les délégués et celui qui me donne les ordres.

Cela vous arrive de sauter de joie sur un but ou il faut rester très professionnel?

Zlatan Ibrahimovic + Angel Di Maria PSG

Il y a de l’émotion sur les bus, mais il faut être « hyper attentif »

Cela peut arriver, mais j’essaye de rester sobre. Une fois ou deux où au lieu d’annoncer le but pour Paris j’ai ouvert le micro et j’ai crié « Ouais! » (rires). C’est juste une demi-seconde mais je dois faire gaffe par rapport à ça. Parce qu’il m’est arrivé d’être repris de volée par un président du club, un ancien, il y a plus d’une dizaine d’années. Pour le match où il était assis à côté du président du club adverse et j’avais été un peu trop bruyant. Le lendemain il m’avait demandé de faire attention.

Il y a une autre raison. De là où je suis, comme tous les supporters, s’il y a une action où on ne voit pas bien le buteur, il y a un doute pour l’annoncer. Donc je dois être hyper attentif. Je dois déjà regarder si l’arbitre valide le but, alors que si on se laisse emporter par l’émotion et la joie, on ne regarde plus trop tout ça.

Ensuite, il faut vite savoir qui est le buteur, par exemple en observant vers quel joueur les autres se précipitent. Il faut que je sois sûr.

Le problème se pose aussi pour un but contre son camp, ce n’est pas facile à voir et annoncer. Cela m’est arrivé une fois d’annoncer un buteur alors que c’était le défenseur adversaire contre son camp. Mais je pense que le Parc ne m’en veut pas.

Il y a quelqu’un qui vous aide pour annoncer, notamment quand c’est compliqué?

Non, justement des fois ça me fait peur, parce que je suis sûr qu’un jour ça va m’arriver de me tromper. Ce n’est pas facile des fois de voir qui a marqué.

Quand ils ne sont pas trop occupés, je demande aux représentants de certaines chaînes parce qu’il y a toujours un bord-terrain, si je croise son regard je lui demande une confirmation.

Souvent c’est visible, notamment parce qu’on voit bien celui qui célèbre son but. Mais il y a toujours un doute, notamment parce qu’un joueur peut avoir tiré et c’est contré, il arrive que la Ligue accorde le but au joueur qui a dévié la frappe.

Vous ne trouvez pas dommage que l’on n’annonce jamais le passeur?

Oui, à une époque j’ai tenté une fois ou deux, avec « une passe merveilleuse de …. but de… », mais après j’ai arrêté. Je ne sais pas si j’ai raison de le faire ou si j’ai le droit de le faire ou pas.

Et ça serait peut-être trop compliqué?

Oui tout à fait. Par exemple lors de la passe de Rabiot pour Lavezzi contre Toulouse (demi-finale de Coupe de la Ligue, but du 1-0, ndlr), sur le moment j’étais sûr, mais y’a deux personnes à côté de moi qui étaient persuadés que c’était Di Maria. Et dans ces cas-là, quand tout le monde manifeste, ça devient compliqué.

Une fois, sur un but je me suis planté parce qu’un monsieur à côté a dit que c’était un tel et j’ai relayé, sauf que ce n’était pas le bon. Et ça, je ne veux plus jamais que cela arrive. Le passeur, cela ajoute un doute en plus.

FOOT : PSG / SAINT ETIENNE - Ligue 1 - 10/05/2008 - Pedro Miguel PAULETA -

« Quand je leur ai passé le micro et qu’ils pleuraient…ce sont de grands moments. »

Votre meilleur souvenir au Parc?

Il y a des buts, comme celui de Pauleta contre Barthez dans l’angle impossible. Je citerais celui-là en premier.

Mais les événements les plus marquants ne sont pas forcément les plus joyeux. Pour moi, ce sont deux adieux, ceux de Pauleta et ceux de Rai.

Quand je leur ai passé le micro et qu’ils pleuraient…ce sont de grands moments.

Après il y a certains matchs, des titres, des actions… le but incroyable de Van der Wiel contre Angers, c’est quelque chose qui reste.

C’est l’un des plus beaux que vous ayez vu au Parc?

Ah oui, c’est sûr, il fait partie des 5-6 plus beaux. Il est fou, ça va vite, c’est aérien, c’est précis. Et cela correspond à la philosophie du jeu du club aujourd’hui, avec la maîtrise du ballon.

Mais les joueurs pourraient tirer un peu plus non?

Oui, c’est vrai. Depuis quelques temps, il y a en a un peu plus. Rabiot notamment qui tente sa chance de 25 mètres parce qu’il a une bonne frappe. Di Maria aussi, il en met quelques-uns. Cela permet d’attirer la défense et multiplier les dangers. Passer la balle au pied jusqu’au but c’est super, mais bon, des fois, tirer de 25-30 mètres, ça manque un peu.

Trouvez-vous Cavani un peu différent en ce moment?

Oui, mais je retiens surtout qu’il y a eu plusieurs phases. Je me souviens surtout d’une fois où il est rentré, c’était la trêve hivernale. Et malheureusement il était touché par des événements très durs pour lui. Et je l’ai trouvé complètement changé en rentrant. Depuis il a eu des phases où il allait mieux et puis..là il y a eu le fait qu’il soit retourné plus tôt chez lui, ce sont des événements qui le font replonger. Là on sent qu’il y a un doute, un manque de confiance.

Il y a eu quelques sifflets, ça pourrait s’intensifier?

Je n’espère pas, car c’est quand même un grand buteur et on a besoin de lui, surtout qu’il y a des échéances importantes qui arrivent, comme Chelsea. Cela peut être notre saison.

Pour aller au bout de la Ligue des Champions?

Gagner peut-être pas, mais franchir un palier oui, j’y crois.

Vous rêvez d’une demi-finale au Parc?

Michel Montana

En LDC « s’il y a une finale, si on m’acceptait rien que pour présenter l’équipe, ça serait super. »

Qui n’en rêve pas? Cela ferait partie de mon gotha. En tant que supporters, j’ai eu la chance d’assister à de grands matchs, dont Juve / Naples, avec Platini et Maradona, Flamengo / Fluminense avec Zico, j’ai même assisté à la finale Saint-Etienne / Bayern.

Donc là j’attends la même chose. Ce PSG est en train de devenir le plus grand de tous les temps, donc j’attends qu’il atteigne ce dernier carré.

D’autant plus en tant que speaker?

Ah, ça serait top. Et puis, s’il y a une finale, si on m’acceptait rien que pour présenter l’équipe, ça serait super.

Et votre souvenir le plus douloureux au Parc?

Il y a eu deux buts en fin de saison, un bordelais et un marseillais, où ça c’était terminé en eau de boudin. Mais je ne sais plus exactement quel match. Mais je sais que là j’avais un peu les boules.

C’est compliqué à annoncer un but adverse ou c’est simplement une partie du travail?

Je suis obligé, mais de toute façon  je n’y mets jamais beaucoup d’emphase (rires).

Et pour la composition de l’adversaire, ce n’est pas pénible de la faire même si vous savez qu’elle est sifflée tout le long?

Non, même si j’annonce les noms rapidement pour que les noms d’oiseau n’entrent pas (rires). Je me dois de rester fair-play.

Vous voulez rester au PSG le plus longtemps possible ou vous avez des envies d’autre chose?

Tant qu’on veut de moi, je suis bien là où je suis, j’adore. Je veux rester le plus longtemps possible.

On parle souvent d’un nouveau Parc, vous avez des indications, des envies?

Je suis attaché au Parc, donc je préférerais que ce soit une transformation plutôt que de changer de stade. Là, il y a déjà eu quelques transformations. Après, c’est le nombre de places.

Blanc au sujet du Parc des Princes Il faut leur demander de soutenir un peu plus l'équipe

Un Parc à 60 000 places « Ce serait top »

Et puis, on sait que la faisabilité du projet n’est pas évidente avec le périphérique. Mais bon, je fais confiance au club pour trouver une solution.

Le Parc à 60 000 places vous fait rêver?

Ah oui, clairement. J’adorerais, ça serait la bonne configuration je pense. Cela voudrait certainement dire que l’on rapprocherait certaines tribunes du terrain. Ce serait top, je pense.

Enfin, vous faites quoi à part les matchs dans une semaine?

Je suis comédien spécialisé dans les voix. Je fais du documentaire de la pub, des films d’entreprise. Je peux très bien passer d’une marque de camembert, à l’histoire d’un serial killer ou l’émigration des gnous en Afrique Australe.

Il y a des jours où je n’ai rien, d’autres c’est très chargé. Même les jours de match, des fois j’ai des enregistrements.

Cela vous passionne autant, ou le Parc c’est au-dessus?

Il y a plus de passion au Parc, mais j’aime aussi mon boulot.

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