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Chelsea - PSG : l’exploit et ses conséquences décryptés

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Chelsea – PSG : l’exploit et ses conséquences décryptés

      Nous sommes aujourd’hui vendredi 13 mars 2015, quarante huit heures ou presque se sont écoulées depuis le coup de sifflet final donné par M. Kuipers, envoyant le Paris Saint-Germain en ¼ de finale de la Ligue des Champions aux dépens de Chelsea. Les réactions à chaud, enflammées, peuvent laisser place aux analyses posées et mûries.

   Quarante huit heures qui permettent de mieux réaliser la portée de l’exploit des hommes de Laurent Blanc. Posons nous alors la question suivante : comment l’exploit a-t-il été rendu possible et quelles conséquences pour la suite ? « Exploit », « joueurs héroïques », « guerriers », « match historique », les compliments et les superlatifs pleuvent pour saluer la performance du PSG mercredi soir.

   Même s’il convient de garder les pieds sur terre, le PSG a bien réalisé un authentique exploit à Stamford Bridge. Un de ceux qui méritent sa place aux cotés de rencontres homériques comme PSG/Real Madrid en 1993 (4-1) ou PSG/Barca en 1995 (2-1). Une autre époque que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître. La première et la dernière fois que Chelsea s’était fait éliminer par un club français remonte déjà à plus de 10 ans, l’ASM de Morientes avait pris la mesure des Blues de Makélélé et Desailly en ½ finale de l’édition 2003/04. José Mourinho quant à lui n’avait jamais été éliminé en 1/8e de finale de C1 et surtout aucun club français n’était parvenu jusqu’alors à dompter la science tactique et la malice du Portugais.Chelsea - PSG : l’exploit et ses conséquences décryptés

   Le Chelsea FC, quatrième à l’indice UEFA, faisait bien partie à l’automne des prétendants à la victoire finale aux cotés du Real Madrid, Bayern Munich et du Barça. Il convient d’ajouter que les Blues sont les vainqueurs de la Ligue des Champions 2012, de la League Europa 2013, ½ finaliste de la C1 2014 et probablement futurs champions d’Angleterre 2015. Cela permet mieux de réaliser que le PSG vient de renverser une montagne.

   Les parisiens, réduits à 10 dès la 31e minute, à la suite de l’expulsion de Zlatan Ibrahimovic, ont tout simplement tenu la dragée haute au leader de Premier League sur ses terres. Le parfait révélateur de la stérilité offensive des Blues tenus en respect par la défense Carioca du PSG? La première occasion du match pour Chelsea n’est intervenue qu’à la 80e minute par l’intermédiaire du milieu défensif Ramires sur une frappe excentrée coté droit et détournée par Sirigu en corner. Pourtant, à cet instant du match les Blues sont en supériorité numérique depuis près de 50 minutes déjà.

   Deux fois menés au score, les parisiens ont su trouver les ressources mentales et physiques pour revenir et arracher leur qualification avec beaucoup de fierté, d’orgueil, de solidarité et de dépassement de soi. En plus d’un terrain hostile, les joueurs de la capitale française ont du composer avec un arbitrage pas toujours des plus judicieux et pas vraiment à leur avantage. Chelsea a concédé 24 fautes dans le match pour seulement 3 cartons jaunes, quand Paris s’est limité à 17 fautes mais a récolté 5 cartons dont 1 rouge. Et comment ne pas être étonné d’avoir vu Diego Costa terminer la rencontre sans avoir reçu un carton rouge ?

   A l’extérieur, en infériorité numérique pendant 90 minutes, mené contre le cours du jeu, subissant les erreurs arbitrales et les provocations en tout genre de Costa, Terry ou Fabregas, Paris a arraché sa qualification au forceps signant probablement le plus bel exploit européen du PSG depuis PSG/Steaua Bucarest en 1997 (5-0) et peut-être l’acte fondateur d’une possible future victoire en C1 de ce groupe.

   Ce fait d’armes n’a été rendu possible que grâce à une parfaite alchimie entre plusieurs éléments que Paris devra réussir à reproduire s’il veut passer le cap des ¼ de finale en Avril.

Les clés du succès

   Tout d’abord, il y a eu un match dans le match entre Laurent Blanc et José Mourinho. La première évidence, c’est la grossière erreur tactique du Portugais. Au Parc des Princes ses consignes pour le moins frileuses pouvaient se défendre. Mais, après avoir été secoués au Parc, on attendait à domicile et en supériorité numérique, beaucoup mieux des Blues. Le constat est que José Mourinho s’est perdu dans son refus de jeu, dans ses provocations en conférence de presse, dans sa volonté de demander à ses joueurs de rendre l’ambiance du match nauséabonde. En jouant trop bas Chelsea a aussi laissé les parisiens s’installer dans sa moitié de terrain : sur les 12 frappes du PSG, 10 ont été faites à l’intérieur de la surface londonienne.

   Le cas de Diego Costa Chelsea - PSG : l’exploit et ses conséquences décryptés  est aussi intéressant : l’attaquant quitte la C1 sans avoir inscrit le moindre but alors qu’il est pourtant meilleur buteur de Premier League! A trop vouloir lui demander de jouer comme un pivot et premier défenseur de son équipe, Mourinho a oublié la mission primaire de son avant centre : marquer. Pour une équipe qui peut aligner Fabregas, Oscar et Hazard on est en droit d’attendre autre chose. Surtout quand on sait que Mourinho l’avait recruter pour remplacer des attaquants qui n’étaient pas assez bons à son goût.

   De son coté, Laurent Blanc s’est montré à la hauteur. Ce n’est pas Thiago Silva qui dira le contraire. Le capitaine du PSG a été jusqu’à qualifier son entraineur de « meilleur joueur parisien ». Désigné sans doute à juste à titre comme principal responsable du naufrage de son équipe à Stamford Bridge l’an passé, Blanc fut cette fois-ci l’un des premiers artisans du succès parisien.

   Même en infériorité numérique, le coach parisien n’a jamais renié ses convictions, ni demandé à ses joueurs d’évoluer contre nature : son équipe a toujours proposé du jeu. Une fois Ibrahimovic exclu, la tentation de bétonner et d’espérer une hypothétique contre-attaque pour réaliser un hold-up 1-0 aurait été forte pour n’importe quel coach, mais le Cévénol n’a pas dévié d’un iota. A l’inverse de l’an passé, le PSG a tenu à conserver le ballon.

   Pastore, Verratti, Motta ont constamment cherché à ressortir les ballons proprement, à poser la balle au sol et à chercher les intervalles comme cette combinaison Verratti/Pastore à la 58e minute qui verra l’Argentin délivrer une passe magnifique à Cavani dans la profondeur mettant hors de position pas moins de six Blues!

   Même si cette analyse est facile à faire à posteriori, on peut dire que Blanc a pris la bonne solution en alignant Motta d’entrée. David Luiz au milieu est fort pour casser les lignes, pour empêcher l’adversaire de jouer (il l’avait très bien fait sous le maillot de Chelsea face à Paris l’an passé) mais Motta excelle dans sa vision du jeu, dans sa capacité à « nettoyer » les ballons. Et sa présence à été d’autant plus capitale lorsque que Paris a dû évoluer à dix. Il s’agit d’une première belle victoire pour Laurent Blanc.

   La deuxième c’est la performance hors norme du héro David Luiz. Le brésilien a été crédité de la note de 9/10 par le quotidien L’Equipe. Pour rappel c’est un honneur qui n’est presque jamais décerné. Le 9 est attribué pour les matchs exceptionnels comme à Zinedine Zidane un certain 12 juillet 1998 ou à Laurent Robert auteur de 5 passes décisives et un but contre Rosenborg en Ligue des Champions (7-2). David Luiz aura brillé par son abnégation, sa volonté de vaincre, sans doute habité par un esprit de revanche face à Mourinho et ses critiques.Chelsea - PSG : l’exploit et ses conséquences décryptés

   On peut ressortir trois images pour illustrer sa motivation sans limite: lors de l’expulsion de Zlatan Ibrahimovic on l’a vu longuement discuter avec son ancien entraîneur José Mourinho. Sans doute devait-il lui dire sa façon de penser quand à son attitude pour le moins détestable. C’est lui qui a permis au PSG de rester en vie et d’arracher la prolongation en égalisant sur corner. Enfin en prolongation après le but inscrit par Eden Hazard sur pénalty c’est lui qui est allé se saisir du ballon dans les filets de Sirigu pour courir vers le rond central montrant ainsi à ses partenaires qu’il restait encore une lueur d’espoir. Une image qui ressemblait fortement à un certain…Thiago Silva lors de PSG/Barcelone en 2013 où l’on avait vu le capitaine haranguer ses troupes après le pénalty de Xavi pour les exhorter à aller chercher l’égalisation.

   Et justement s’il faut ressortir un autre joueur du collectif, Thiago Silva le mérite bien. Auteur d’un match plein, il s’est rendu coupable d’une seule erreur mais qui a failli coûter cher : il offre le penalty du 2-1 à Chelsea. Mais l’histoire ne pouvait pas s’arrêter de façon aussi cruelle. Alors, O Monstro a rassemblé tout son courage et toute sa fierté, il en a sans doute appelé à Dieu et est allé chercher la qualification comme le patron qu’il est. Les larmes pouvaient à nouveau couler sur les joues de Thiago, celles là étaient des larmes de pur bonheur. Antoine Kombouaré, responsable en 1993 sur but madrilène mais auteur du but de la victoire ensuite, a dû apprécier le clin d’oeil

Pastore et Verratti mériteChelsea - PSG : l’exploit et ses conséquences décryptés  nt eux aussi d’être cités pour leur capacité à se défaire constamment du pressing des Blues. On regrettera le jaune du petit italien qui le privera du ¼ de finale aller.

   Autour des ces quatre joueurs toute l’équipe a été fantastique. On répétera encore les mots courage, abnégation. La source d’une telle volonté trouve peut-être racine dans le discours de Nasser El Khalaifi qui a demandé à ses hommes dans l’intimité du vestiaire de se « comporter en guerriers, de croire en leurs rêves et de prendre leur revanche ». L’expulsion de Zlatan Ibrahimovic a forcément aussi son importance dans le déroulement du match. On ne tombera pas ici dans le raccourci qui consisterait à dire que Paris joue mieux sans son attaquant Suédois, mais on sait que lorsqu’une équipe se retrouve à 10, qui plus est lorsqu’elle juge l’expulsion injuste, elle trouve parfois des ressources insoupçonnées de solidarité, de combativité, d’esprit du sacrifice pour le collectif.

   Pour les explications concernant le physique au top du coté des joueurs parisiens et la confiance qui semble porter le groupe on se permettra de rappeler ici que ces points avaient été évoqués avant la double confrontation contre les Anglais (https://www.parisfans.fr/club/psgchelsea-la-theorie-de-linversion-des-courbes-157571.html).

Et après ?

   En décrochant le scalp d’un poids lourd du Vieux Continent le PSG aura quoi qu’il arrive passé un cap à l’échelle européenne. Au minimum son parcours européen s’arrêtera en ¼ comme lors de deux dernières saisons, mais cette fois le PSG a éliminé un cador en 1/8e quand Valence et Leverkusen n’étaient que des seconds couteaux. Des bons clubs du chapeau 2, sans doute capables de viser le podium en France mais en aucun cas des vainqueurs potentiels de la C1.

   Alors ce match doit servir le futur. Si les Parisiens veulent passer le tour suivant, ils ne devront jamais oublier la manière dont ils se sont battus mercredi. Ils ont désormais leur match référence en Ligue des Champions. Chaque groupe, chaque génération a besoin d’un match clé pour écrire sa légende. Les champions du monde 1998 citent souvent la victoire en Roumanie (3-1) dans le cadre des éliminatoires pour l’Euro 1996 qui leur a permis d’écarter leur principal rival dans la course à la qualification. Ce Chelsea/PSG doit être le Roumanie/France des franciliens, l’acte fondateur qui doit mener ce groupe créé par Leonardo à la victoire finale en C1.

Chelsea - PSG : l’exploit et ses conséquences décryptés

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