Habib Beye s’agace des critiques sur le « mental » du PSG et évoque plutôt l’aspect « émotionnel »

Comme de nombreux « spécialistes », l’ancien défenseur professionnel Habib Beye a été invité à donner son avis sur la défaite du Paris Saint-Germain contre Manchester United mercredi dernier qui l’élimine de la Ligue des Champions dès les 8es de finale. Mais contrairement à beaucoup d’observateurs et supporters, il ne veut pas parler de mental ou de grands changements. Sur le plateau de l’émission Canal Sports Club, il a ressorti un autre aspect essentiel selon lui. Et affirme qu’il y a une forme « d’hypocrisie » dans le discours des médias en général au sujet de cet échec.

« Lorsque vous regardez Buffon sur ce match-là, c’est celui qui renvoie le plus de peur, sur son visage, à son équipe. Alors que d’habitude, c’est lui le leader, c’est lui qui est là pour remonter les troupes.

« Le mental, ces joueurs-là, ils l’ont.«

(…) L’émotion et le mental ne sont pas les mêmes choses. Le mental, ces joueurs-là, ils l’ont. Par contre, l’aspect émotionnel c’est complètement différent. J’ai vécu en tant que joueur ce moment où vous vous dites ‘Ça ne va pas arriver’. C’est-à-dire que vous démarrez votre match et que la défaite n’arrivera pas, vous êtes convaincus que ça va bien se passer. Et au fil du match, parce que les évènements sont négatifs pour votre équipe, vous vous dites ‘ça peut arriver’. Qu’on ne me dise pas aujourd’hui que dans l’aspect tactique les Parisiens ont failli. 

« Quand l’aspect émotionnel prend le pas, ça vous glisse entre les mains et vous ne pouvez rien faire contre ça.”

Il y a quelques mois, on a entendu que Buffon avait changé les choses en phase de poules de la Ligue des champions. On a dit qu’il a fédéré tout le monde. Depuis six mois, tout le monde dit que Thiago Silva est un monstre, et d’un seul coup, en 90 minutes, on veut balayer tout ce qu’on a dit depuis six mois. Dans notre discours, il y a une forme d’hypocrisie. En 90 minutes, on veut faire partir 6-7 joueurs de cette équipe parce qu’ils n’ont pas répondu sur le plan mental. Je pense que le problème est sur l’aspect émotionnel. Quand l’aspect émotionnel prend le pas, ça vous glisse entre les mains et vous ne pouvez rien faire contre ça.”, a lancé Beye.

Paris n’a pas été complètement ridicule et doit travailler dès maintenant pour progresser.

Une intervention intéressante, car elle sort du discours classique que l’on entend depuis quelques jours. Le PSG n’est pas complètement passé à côté de son match et n’a pas affiché une absence de force mentale. C’était même tout le contraire après l’ouverture du score de Manchester United sur une grosse erreur parisienne.

L’équipe aurait alors pu s’effondrer, mais on a vu une excellente réaction. Paris a dominé et a obtenu beaucoup d’occasions. De quoi égaliser rapidement et presque prendre l’avantage. Mais il a manqué un peu d’efficacité pour se mettre à l’abri, puisqu’il y a eu une seconde grosse erreur. Là, cela a mis un gros coup au moral et certains joueurs ont semblé être pris un peu par la peur, par ce sentiment qu’ils vont vivre une mauvaise soirée. Malgré cela, le PSG a concédé peu d’occasions et a encore eu des opportunités pour se mettre à l’abri. Ce sont des détails, de l’application par moments et peut-être de la maîtrise des émotions qui ont manqué.

Maintenant, il faut que cette équipe travaille et grandisse pour s’améliorer pour s’éviter ce genre de désillusion. Comme l’a souligné l’attaquant Kylian Mbappé (20 ans), cela commence dès maintenant. Cette fin de saison doit servir à préparer la prochaine, notamment dans le travail quotidien pour gommer au maximum les défauts. Sans oublier le mercato estival bien sûr, durant lequel on attend un peu de mouvement, ce qui passe par un travail dès à présent de la part des dirigeants.