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Les possibilités tactiques offertes par le recrutement de Di Maria

Autour du PSG

Les possibilités tactiques offertes par le recrutement de Di Maria

Le feuilleton de l’été parisien a officiellement pris fin le 6 août 2015 avec la signature de l’ailier argentin Angel Di Maria pour 4 ans. Depuis, le nouveau numéro 11 parisien s’entraîne d’arrache-pied pour être opérationnel au plus vite. Et ce weekend, avec le déplacement du PSG à Monaco pour le compte de la 4e journée de L1, un évènement se prépare. Presque aussi attendu que Ronaldinho en 2001, Angel Di Maria devrait faire ses premiers pas avec le Paris Saint-Germain.

Sa venue avortée il y a un an, quand Manchester United a raflé la mise, puis la lenteur des négociations cet été ont en effet aiguisé l’appétit des supporters parisiens de voir enfin Di Maria à l’œuvre sous le maillot parisien.

De ce fait, on gage que Laurent Blanc aura mis tout ce temps à profit afin de réfléchir à maintes et maintes reprises, en compagnie de son adjoint Jean-Louis Gasset, au placement idéal de Di Maria pour optimiser le rendement de l’équipe.

Tentons alors l’espace d’un instant de nous mettre à la place du coach parisien pour bâtir la nouvelle animation parisienne à venir.

Le 4-3-3 classique

D’aucuns se sont déjà livrés à cet exercice, les médias traditionnels habitués à suivre le PSG – L’Equipe, Le Parisien – ont dégainés les premiers. Leur analyse est rapide, tranchée : Di Maria évoluera côté gauche de l’attaque parisienne dans le 4-3-3 cher à Laurent Blanc.

Ainsi, Laurent Blanc conserverait le socle de son équipe, à savoir le milieu à 3 : Motta – Verratti – Matuidi. Devant eux, Di Maria, Ibrahimovic et Cavani seraient chargés de dynamiter les défenses adverses.

L’utilisation de l’Argentin dans cette position permettrait d’offrir à l’équipe au moins un véritable ailier capable de déborder et de centrer, ce qui ne sont pas exactement les qualités premières d’Edinson Cavani.

Les centres justement, parlons-en. L’an passé, le PSG, qui a tout raflé dans l’Hexagone, pointait pourtant en queue de peloton d’un certain classement : seulement 16e sur le total des centres délivrés dans le jeu. L’apport de Di Maria, fort de ses 72 passes décisives sur les 5 dernières saisons, serait évidement un plus dans cet exercice.

Aussi l’idée partagée par L’Equipe et Le Parisien découle d’une certaine logique. Avec ces trois attaquants, le PSG alignerait donc deux finisseurs et un troisième joueur à la mentalité plus altruiste.

D’autre part, le 4-3-3 à la Barcelonaise, modèle avoué de Laurent Blanc, doit en principe être animé par des purs ailiers, avec Di Maria côté gauche, le coach cévenol en détiendrait déjà au moins un.

En y réfléchissant bien, si Di Maria était arrivé comme prévu il y a un an, Blanc se serait forcément tourné vers cette solution. Au cours de l’été 2014, quand Blanc attendait en vain Di Maria dans la capitale française, à l’heure de bâtir son équipe, il n’avait en Ezéquiel Lavezzi et Javier Pastore qu’une confiance très relative. Et si El Fidéo avait débarqué il y a douze mois, son positionnement n’aurait même pas fait l’objet d’un débat.

Seulement, si Lavezzi n’est pas remonté dans l’estime de Blanc, la trajectoire de Pastore a suivi une toute autre direction. L’an passé, avec Marco Verratti, il fut probablement le meilleur joueur parisien. Les deux coéquipiers étant même nominés par leurs pairs pour le titre de « meilleur joueur de Ligue 1 ».

Le maintien du 4-3-3 « classique » de Blanc pousserait donc Javier Pastore sur le banc. Une décision qui serait sans doute très difficile à accepter pour le compatriote de Di Maria. On sait Pastore fragile psychologiquement, il a besoin de la confiance de son coach pour donner le meilleur de lui-même.

En choisissant de rétrograder Pastore dans la hiérarchie des joueurs de champ, Laurent Blanc prendrait le risque de le « perdre » alors que le numéro 27 parisien commence à donner la pleine mesure de son talent aussi bien au PSG qu’en sélection, où le journal Olé l’a qualifié de « nouvel Iniesta de Messi ».

Par ailleurs, vu la relation technique entraperçue lors de la Copa América entre Di Maria, Pastore et Messi, Laurent Blanc aurait peut-être tort de se priver de la relation existante entre deux des membres du trio de l’Albiceleste.

Le 4-3-1-2

Il existe en effet une solution qui pourrait tenter le coach parisien adepte du beau jeu, de la possession, et des numéros 10.

Lors de cette inter-saison, Blanc a pris une décision radicale : le recrutement de Kevin Trapp et la mise au banc de Salvatore Sirigu. Difficile de dire aujourd’hui si Trapp est un meilleur gardien que Sirigu, tant il a eu peu d’arrêts à effectuer depuis son arrivée.

En revanche, on peut déjà affirmer que le jeu au pied de l’Allemand est infiniment supérieur à celui de son collègue Italien. Kevin Trapp correspond tout simplement mieux au jeu prôné par Laurent Blanc.

Il relance vite, proprement. En jouant haut, il permet à ses défenseurs d’évoluer eux aussi plus haut et de retourner plus vite dans le camp adverse, là où la possession est vraiment efficace.

Or, aujourd’hui, dans ce groupe parisien constitué de grands joueurs au football léché tels que Motta, Verratti, Pastore ou Di Maria, un joueur pourrait faire figure de maillon faible : Blaise Matuidi. On notera bien ici l’emploi du conditionnel.

Matuidi réalise un tel début de saison (2 buts et une passe décisive en trois matchs, impliqués dans 75% des buts de son équipe) qu’il est absolument indéboulonnable du XI titulaire à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Néanmoins, malgré toute l’estime que chaque supporter du PSG porte au plus Parisien des joueurs de l’effectif, malgré tout son engagement, sa combativité, ses progrès depuis son arrivée au club en 2011, force est de constater que Blaise Matuidi ne possède pas la même palette technique que ses collègues du milieu de terrain.

Or, avec le recrutement de Di Maria, Blanc tient peut être la copie conforme du fameux milieu à 3 du FC Barcelone époque Guardiola. Le trio Busquets – Xavi – Iniesta régnait alors en maître absolu sur les terrains d’Espagne et d’Europe, confisquant systématiquement le ballon à tous leurs adversaires de manière insolente.

La ressemblance est frappante. Motta pour Busquets, l’expérimentée sentinelle, provocateur avec les adversaires, habile négociateur avec l’arbitre et nettoyeur de ballons.

Verratti pour Xavi avec ses passes chirurgicales et son habileté technique qui le rend imperméable à la pression et au pressing (échec du marquage individuel de Marcelo Bielsa au Vélodrome).

Enfin, Di Maria pour Iniesta, ses dribbles déroutants et sa propension à aller attaquer l’adversaire par la gauche.

En ce cas quid de Pastore ? En numéro 10 derrière deux attaquants, tel un certain Yohan Gourcuff aux Girondins de Bordeaux.

Quoi de plus naturel pour Pastore que l’axe du terrain ? Le meneur argentin a déjà prouvé, en fin de saison dernière, qu’il s’accommodait parfaitement de ce rôle lorsqu’il a joué le pourvoyeur de Lavezzi et Cavani en l’absence d’Ibra, puis de Cavani et Ibra, au retour de ce dernier.

Cette option présente un risque : celui de se passer du milieu de terrain qui a, en principe, le profil le plus défensif. Néanmoins, avec Motta, Verratti, Di Maria et Pastore ensemble, le PSG augmente considérablement son niveau technique et donc, par la même, sa capacité à conserver le ballon.

La possession de balle parisienne pourrait alors encore augmenter. Comme le dit si bien Blanc lui-même, lorsque l’on possède le ballon nul besoin de courir après.

Donc la nécessité d’un milieu récupérateur devient moindre. D’autant que Javier Pastore a lui-même beaucoup progressé dans ce domaine, et que Di Maria a un gros volume de jeu qui lui permet aussi de participer de manière très active à la récupération.

Enfin, et ce n’est pas anodin, cela offre à Di Maria une position assez proche de celle qu’il occupait au Real Madrid l’année de la victoire en C1. Quant au côté gauche, Pastore n’irait pas marcher sur ses plates bandes, bien trop content de rester dans son rôle de 10 axial.

Le flanc droit du jeu parisien nécessiterait alors un latéral droit très offensif et capable de longues chevauchées car Marco Verratti, en charge du côté droit du milieu parisien, n’a pas coutume d’aller déborder au poteau de corner pour délivrer des centres.

L’idée d’ajouter une touche de technique supplémentaire dans l’équipe est séduisante. Cependant, cette option s’avère pour l’heure compliquée. Elle impliquerait le « sacrifice » du seul français titulaire de l’équipe.

Question Ô combien politique et surtout… Javier Pastore est blessé. Or le début de saison en fanfare de Blaise Matuidi ressemble à s’y méprendre à celui de…Pastore l’an passé !

L’été dernier, Pastore, peut-être conscient d’être sur la sellette, et vexé d’avoir raté le mondial brésilien, avait été l’auteur d’une préparation très sérieuse. Il avait profité de sa non-participation à la Coupe du Monde pour enchaîner les titularisations aux différents postes du milieu, prendre de la confiance, et redevenir un titulaire potentiel dans l’esprit de son coach.

Di Maria pas encore prêt, Flaco blessé, Matuidi a tout intérêt à se montrer. Et le français est pour l’instant le gagnant de ce début de saison. Le PSG également, et c’est bien là l’essentiel avant les cas individuels.

Lavezzi et Lucas dans tout ça ?

Lavezzi n’entre décidément plus dans les plans de son entraîneur. L’Argentin le sait, et réfléchit à quitter le PSG dans la dernière ligne droite du mercato.

Toutefois, s’il devait rester, il ferait un remplaçant de très bonne facture pour le PSG. L’homme n’est pas du style à se laisser abattre, ni à s’épancher dans la presse pour se plaindre de son statut.

Sa combativité et sa capacité à répéter des efforts peuvent rendre bien des services en fin de match, ou pour permettre de reposer les titulaires en cours de saison. Dans le 4-3-1-2, il serait le remplaçant d’Ibra et Cavani. Dans le 4-3-3 plutôt celui de Di Maria.

Pour Lucas, le ciel pourrait s’assombrir. Le jeune Brésilien ne s’est toujours pas imposé comme un titulaire en puissance depuis son arrivée dans la capitale.

L’an dernier, on a pourtant cru enfin assister à son décollage avant qu’une grave blessure ne le coupe en plein élan. Mais le garçon garde le moral: Dunga vient de le rappeler en sélection, cela devrait l’aider à gagner en confiance. Et il a promis de se battre pour garder sa place, malgré l’arrivée de Di Maria.

Une solution pourrait bien convenir à Lucas et le transformer rapidement en titulaire : le recours au 4-4-2. Si Blanc ne semble pas être un adepte de cette solution en L1 avec les blocs très bas des adversaires, il y a parfois eu recours en C1.

Dans cette optique, Di Maria occuperait bien sûr le côté gauche, et Lucas serait en charge du droit. La paire de milieux défensifs serait alors vraisemblablement composée de Verratti et Matuidi, comme sous Ancelotti.

A noter qu’il y aurait probablement match entre Pastore et Lucas, car on se rappellera que dans le 4-4-2 de Carletto – avant que Lucas n’arrive – l’attaque était composé d’un duo Ibrahimovic – Menez, soutenu par Lavezzi à gauche et Pastore à droite. Or, Flaco s’était montré plutôt adroit dans ce rôle.

Si ce schéma ravirait sans doute Edinson Cavani, il reste à démontrer son efficacité en L1. Surtout, il pourrait créer un embouteillage dans l’axe avec Motta, Stambouli et Rabiot remplaçants du duo Verratti – Matuidi.

Et si Lavezzi s’en allait vraiment ?

L’agent du fantasque attaquant argentin a lâché une petite bombe cette semaine en affirmant à la presse italienne « qu’il était temps pour Pocho de rentrer en Italie ». Avant d’ajouter « qu’il faut que tout le monde y trouve son compte ».

La dernière partie de son intervention est à prendre en compte et est peut-être la plus intéressante car elle semble indiquer qu’à quelques jours de la clôture du mercato, un transfert de Lavezzi vers la botte italienne est encore loin d’être acté.

Avec le recrutement de Di Maria, les fans Parisiens en ont presque oublié le fair-play financier qui pèse toujours sur les épaules du PSG.

Or, le recrutement de Di Maria ne s’est pas fait à moindres frais. L’Argentin percevra un des salaires les plus élevés de l’effectif, Verratti et Motta pourraient se voir proposer une augmentation. Pour autant, le budget alloué à la masse salariale est toujours surveillé par l’UEFA.

En laissant partir Pocho, mais sans forcément le remplacer, ou par un jeune joueur qui n’aura pas d’exigence en termes de temps de jeu, Blanc pourrait simplifier son casse-tête tactique et managérial. Et le PSG pourrait faire l’économie d’un haut salaire.

Il pourrait alors proposer à Pastore un rôle de « super-sub ». Cette expression, autrefois utilisée par les Anglais pour définir le rôle de Solskjaer dans l’équipe de Manchester United, indique que Pastore deviendrait le 11e joueur de champ et pourrait tour à tour être utilisé en remplaçant de Matuidi et de Di Maria.

Enfin, on peut aussi ajouter que dans la version 4-3-3, Di Maria et Cavani peuvent échanger leur couloir. Evoluer à droite, Di Maria sait aussi faire. Il joue alors différemment, et à tendance à rentrer plus dans l’axe et à frapper davantage au but. Quant à Cavani, cela lui permettrait aussi d’entrer dans la surface sur son bon pied.

Laurent Blanc aura l’embarras du choix cette saison pour construire l’animation de son équipe. Si le coach parisien à certainement d’ores et déjà en tête son équipe type, on assistera sûrement en cours de saison à divers aménagements et modifications tactiques au gré des compétitions, du niveau des adversaires et de la forme des différents joueurs.

La question finale est de se demander si oui ou non Angel Di Maria est le chaînon manquant pour permettre au PSG de passer la barrière des ¼ de finale en Europe.

La dernière demi-finale européenne du club parisien remonte à 1997 face aux anglais de Liverpool et la dernière demi-finale de C1 en 1995. El Fidéo et ses coéquipiers seraient bien inspirés de faire à nouveau goûter au peuple parisien les joies du dernier carré.

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