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Autour du PSG

Bruno Roger-Petit : Aurier « nous projetons sur lui la somme de toutes nos peurs. C’est absurde »

Samedi dernier, la Côte d’Ivoire s’est imposée 3-1 face au Mali dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018. Serge Aurier, arrière droit de 23 ans du Paris Saint-Germain, y a notamment fait un centre décisif pour donner l’avantage à son équipe (2-1). Un but qu’il a célébré avec un « Gorjaï », c’est-à-dire en mimant un égorgement avec son pouce. Un geste qui a beaucoup fait réagir des journalistes français qui voyaient ici quelque chose de grave. Bruno Roger-Petit écrit sur son blog pour rappeler à ces derniers que l’Ivoirien n’a sans aucun doute rien fait de mal, rien de pire que ce qui est déjà accepté. Mais il rappelle tout de même qu’il est normal aujourd’hui que certains gestes puissent être mal interprétés puisque tout est diffusé dans le monde et ses différentes cultures.

« En réalité, il est possible que Serge Aurier ne soit pas le radicalisé que suggère cette image. Pas plus qu’il ne cherche la provocation. Aurier fait du Aurier, comme toujours. Aurier est un ado qui n’a pas fini de grandir. Ses proches le disent eux-mêmes (ICI) : le geste qu’il accomplit est le « Gorjaï » des jeunes des banlieues africaines en quête d’affirmation de martialité et virilité. C’est un geste qui relève d’une culture qui n’est pas celle que certains redoutent.

Aurier est impulsif, voire enfantin, mais il n’est pas fou. Répétons-le, sauf erreur manifeste d’appréciation, son geste n’avait ni sens, ni portée politique. Le caractère intentionnel ne relève pas de la volonté de faire l’apologie d’un acte terroriste quelconque. Aurier est un gamin, produit de son milieu culturel, ni plus, ni moins.

Nous sommes un pays décidément étrange. Cavani qui mime la précision de l’archer ou du sniper après chaque but ne dérange personne. De même que nous sommes toujours prompts à célébrer le Haka des Alls Blacks, chant de guerre et de mort en comparaison duquel le geste d’Aurier relève de la pratique Bisounours, d’autant que depuis quelques années, le dit Haka est de plus en plus surjoué, au risque de flirter avec le ridicule, dans le but de devenir un moment de télé qui prédispose à la violence du spectacle rugby. Mais qu’Aurier en vienne à faire un geste de même nature et sans attendre voici que nous projetons sur lui la somme de toutes nos peurs. C’est absurde.

Cela étant, la mondialisation du sport étant ce qu’elle est, il serait sans doute profitable de réfléchir au fait qu’un geste symbolique, apprécié et admiré sous certains tropiques, le soit beaucoup moins sous d’autres cieux. La contextualisation n’est plus locale, elle est mondiale. Cavani et Aurier, et bien d’autres encore, devraient méditer là-dessus.

Le geste du jeune homme africain entrant dans l’histoire en affichant sa virilité de manière tranchée peut ne pas être évalué de la même façon selon l’endroit où l’on se trouve, les us et coutumes qui ont présidé à notre construction culturelle… C’est inévitable. Gare au malentendu de civilisation, notamment pour ceux qui sont toujours enclins à s’enflammer à la première manifestation comportementale choquant leur ethnocentrisme…

Avant de s’en prendre (un peu) à des Cavani et (beaucoup) à des Aurier, entre archer et « gorjaï », il faut, aussi, savoir vaincre ses préjugés. En vérité, l’affaire Aurier n’existe que pour ceux qui ont envie qu’il existe une nouvelle affaire Aurier. »

Bien sûr, le geste d’Aurier peut surprendre certains. C’est une célébration particulière qui peut sembler agressive et à laquelle certains ne penseraient jamais. Seulement, il avoir l’ouverture d’esprit de voir que l’autre ne pense pas forcément comme nous. D’ailleurs, que ce soit en Côte d’Ivoire ou au Mali, personne ne s’est plaint de ce geste. Tout simplement parce que ce dernier est tout à fait compréhensible.

De toute façon, si c’était un autre joueur du PSG qu’Aurier qui avait fait ce geste, il y aurait certainement beaucoup de débats. Il y aurait peut-être eu des tentatives de compréhension. Mais on n’aurait certainement pas vu des journalistes parler d’un joueur « incorrigible« . Comme le souligne Roger-Petit, Aurier ne fait rien de plus que célébrer un but avec son équipe et son pays. Mais comme c’est un joueur qui a déjà attiré des problèmes extra-sportifs, des polémiques, alors il a le droit à un traitement particulier.

D’ailleurs, il est bien triste de voir que presque aucun média n’a souligné le fait qu’Aurier est venu en aide à un adversaire qui avait perdu connaissance durant la rencontre. Peut-être parce que cela ne colle pas avec l’image de mauvais garçon que certains veulent lui coller.

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