Restez connectés avec nous
Bruno Roger-Petit "Le cavanisme est une esthétique. Une certaine idée du football"

Autour du PSG

Bruno Roger-Petit « Le cavanisme est une esthétique. Une certaine idée du football »

Après un début de saison plutôt décevant et plusieurs ratés remarquables contre Arsenal, Edinson Cavani s’est relancé de façon impressionnante en inscrivant un quadruplé face à Caen (0-6, 5e journée de Ligue 1). De quoi encore attirer de nombreux commentaires. Dont celui de son plus grand défenseur depuis quelques années, le journaliste Bruno Roger-Petit. Sur son blog, il s’est lancé dans un texte lyrique pour « expliquer » à quel point Le Matador doit être aimé.

« Tomber sept fois, se relever huit. Ainsi va Edinson Cavani, attaquant du PSG. Tomber neuf fois, se relever dix. D’Arsenal à Caen. Ainsi va Edinson Cavani, héros de légende. Tomber dix fois, se relever onze. Onze comme l’équipe. Ainsi va Edinson Cavani, footballeur le plus passionnant de la Ligue 1.

Des ténèbres à la lumière. Enterré le mardi, célébré le vendredi. Défait un jour, victorieux le lendemain. Accablé pour trop de malchance et de maladresse sur le pelouse du Parc des Princes, décrété nul et non à venir, et trois jours plus tard, ressuscité sur le pelouse du Michel d’Ornano (6-0 pour le PSG). Quatre occasions, quatre buts. 100% de conversions occasions/buts. Inefficace, Cavani ? Les vendanges, Cavani ? Raté, Cavani ? Cinq matchs disputés avec le PSG, six buts marqués. Inutile Cavani ? Superfétatoire, Cavani ? « Supprime », Cavani ? Vraiment ?

La semaine fut Cavani, preuve qu’il ne faut jamais désespérer de Cavani. Ceux qui prétendent aimer le football et jouissent de crucifier Cavani chaque fois que sa parole ne porte plus, ceux là sont dans l’erreur. A côté du football.

Les Cavanistes, eux, savent. Ils savent le héros inconstant, mais cela ne les empêche pas de continuer à communier dans la ferveur. Car il en faut de la foi pour croire en Cavani. Cavani est une espérance qui souvent se déroble. On l’attend face à Arsenal, elle fait faux bond. On ne l’attend plus à Caen, et la voici qui surgit. Dans toute sa gloire.

Le cavanisme est une esthétique. Une certaine idée du football. Un romantisme à la Dumas. (…) Cavani est un héros de cape et d’épée, défait le mardi par les Gunners d’Arsenal, victorieux le vendredi des Caennais de Malherbe. Il est rebondissement, aventure, coup de théâtre, pathétique défaite et sublime victoire. Il raconte une histoire à laquelle les cavanistes s’identifient. Touche pas à mon Cavani. « Ich bin ein Cavani ». Je suis Cavani. Le cercle des cavanistes disparus, toujours, se reconstitue.

Le reste, qui n’est pas Cavani, et encore moins football, les commentaires des spécialistes professionnels de la profession, les tableaux Excel de geeks enivrés de statistiques qui disent tout et son contraire, les saillies de snipers de plateau télé embusqués derrière leur micro à refaire le match, les ricanement de hyènes de réseaux sociaux, les cavanistes s’en fichent. Au contraire. Aimer le football pour la geste Cavani, c’est être en accord avec le jeu. Et comme le disait Voltaire : ‘C’est le sort d’un héros que d’être persécuté’. »

Soyons honnêtes, si les mots utilisés sont jolis et que l’on pourrait rapprocher ce texte d’un poème, cela n’a pas beaucoup de sens. Cavani est un joueur que l’on peut apprécier pour plusieurs raisons, bien sûr. Il a une grinta et un sens du collectif qui sont admirables. Et, malgré les moqueries, il met finalement un nombre très satisfaisant de buts par saison depuis plusieurs années. Et on peut même espérer qu’il en mettra encore plus cette saison.

Mais il n’y a pas de sens à aimer particulièrement le fait qu’il soit parfois très maladroit. Le quadruplé d’hier est très appréciable, mais cela ne change rien au match de mardi, que Paris aurait pu gagner notamment si Cavani avait été plus efficace. Et une victoire aurait fait beaucoup plus de bien qu’un match nul.

L’amour que Bruno Roger-Petit a pour Cavani n’a plus rien de rationnel. C’est le propre de l’amour, certes. Mais cela devient lourd. Il y a de quoi critiquer Cavani sur ses derniers matchs, comme il faut l’applaudir pour sa performance hier. Il n’y a pas de sens à l’admirer encore plus quand il tire à côté ou tombe tout seul alors qu’il a une occasion nette de marquer. Le Matador n’est « persécuté » que parce que sa maladresse a été impressionnante. Même si les critiques sont certainement parfois trop fortes, on ne peut pas dire qu’il y ait une grande injustice à dire que l’Uruguayen a fait quelques loupés de haut niveau.

Disons-le, les supporters parisiens préféreraient que Cavani soit un peu plus régulier. Notamment dans les grands matchs. Le football c’est de l’émotion, bien sûr. Et on peut y aimer les belles histoires. Mais le lyrisme et le dramatique tant appréciés par Roger-Petit n’ont pas grand chose d’intéressant pour un club qui veut tout gagner. D’ailleurs, l’émotion et la défense du héro ne permettent pas de balancer des chiffres qui sont faux. Contre Caen, Cavani a eu 6 occasions (2 avant ses buts), il n’a donc pas 100% de réussite. Il ne s’agit pas d’un « tableau Excel de geeks enivrés de statistiques », mais simplement de ne pas dire n’importe quoi avec des chiffres. Ce qui est préférable en général.

Reste bien sûr que Cavani a fait un très grand match hier soir. Mais il est difficile d’imager des supporters du PSG se réjouir d’une inconstance s’il retombe dans ses travers lors des prochains matchs et notamment dans les grandes rencontres européennes.

Publicités
Retrouvez nos articles sur Google News et MSN/Bing News :

     

Derniers articles

Publicité

Articles les plus populaires

Autres articles présents dans Autour du PSG