Roger-Petit : Verratti « son esprit à une seconde d’avance sur le reste de l’humanité »

Après la victoire du Paris Saint-Germain face aux Girondins de Bordeaux hier (2-0, 8e journée de Ligue 1), la performance collective et l’efficacité d’Edinson Cavani (auteur d’un doublé) ont logiquement été soulignées. Mais le journaliste Bruno Roger-Petit a voulu faire un éloge différent (et tout aussi mérité) sur son blog. En effet, montre toute son admiration pour le génie de Marco Verratti, milieu parisien de 23 ans.

« Au milieu de la seconde période opposant ce samedi le PSG à Bordeaux, un Girondin, Menez, autrefois si rapide, récupère une balle en profondeur. Le chemin du but d’Aréola lui est grand ouvert, flanc droit de l’attaque bordelaise. Il n’a plus qu’à foncer. Périle en la demeure. Au moment où, des tribunes, on pressent le pire, surgit une fusée bleue. Marco Verratti.

Ménez le voit venir, qui déjà prépare un crochet destiné à effacer Verratti. Mais plus rapide que lui encore, Verratti a déjà deviné que Menez allait crocheter, mais que lancé en pleine vitesse comme il est, il va être dépassé. C’est alors qu’il ose un geste incroyable. Il se jette à terre, anticipant que son pied va piquer le ballon à Menez. Et c’est ce qui se produit. Du pied droit, à terre, Verratti intercepte la balle, se relève en un éclair, et salue Menez d’un dernier dribble. L’humilation totale. Tout ça en quatre secondes… Exceptionnel. Et le Parc des Princes qui salue l’extravagant exploit tout autant que les deux superbes buts de Cavani…

Et voilà. La preuve que Verratti évolue dans un autre monde. Il est ici et ailleurs. Son corps est là, dans notre temporalité, mais son esprit à une seconde d’avance sur le reste de l’humanité. La seconde qui change tout. La seconde qui fait le géant du football.

D’ailleurs, tout au long du match, Verratti a ainsi évolué sur la verte pelouse du Parc des Princes renouant avec des Ultras aimables et bien élevés (formidable ambiance). En avance sur son temps.

Il sait, une seconde avant tout le monde, ce que va tenter Menez. Il sait, une seconde avant tout le monde, ce que sera l’appel de Cavani. Il sait, une seconde avant tout le monde, le dribble que va tenter Di Maria, s’il va le réussir, et où il faut être en cas d’échec ou de succès. Il sait, une seconde avant tout le monde, la diagonale que va tenter Toulalan et où il faut se placer pour l’intercepter. Il sait, une seconde avant tout le monde, ce que va donner le dribble qu’il est en train d’effectuer sur Plasic et Sertic, et la passe qu’il va adresser à Motta… Verratti, ce n’est pas l’homme qui valait trois milliards, mais l’homme qui a inventé la machine à avancer le temps.

Mais à la fin, quelle est cette puissance providentielle qui a su mettre autant de génie dans ce corps humain destiné à jouer au football ? Pourquoi lui, et pas les autres ? Verratti, un mythe. »

Si Bruno Roger-Petit a souvent fait dans l’exagération, notamment quand il s’agit d’évoquer Edinson Cavani, Zlatan Ibrahimovic ou Laurent Blanc, il est ici difficile de redire quelque chose à son texte. Il faut dire qu’il est particulièrement difficile d’en faire trop avec le génie italien.

Verratti fait sans aucun doute partie des meilleurs joueurs au monde à son poste. Non seulement parce qu’il est doté d’une finesse technique impressionnante, qu’il se bat pour son équipe, qu’il sait défendre. Mais aussi parce qu’il ce flair, cet instinct que Roger-Petit évoque. C’est cet élément qui fait qu’il est si particulier. Ce n’est pas simplement que l’Italien « sent » le football, comme on peut le dire pour certains joueurs, il semble presque être au-dessus. Ou en avance, comme l’affirme le journaliste.

Et son tacle sur Ménez est en effet un très bon exemple. Il se retrouve dans une situation très difficile, il ne peut pas le laisser passer car il y a un grand risque qu’il aille au but, ni faire faute car le carton est assuré (et le rouge est possible). Et Verratti n’a pas simplement stoppé l’action, il a contrôlé le ballon sur son tacle et s’est relevé pour relancer le jeu vers ses coéquipiers. Un instinct et une adresse rares.

Il manque sans doute quelques buts au bilan de Verratti, mais il fait déjà clairement partie des meilleurs. Et on espère qu’il va rester longtemps au PSG.

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