Labrune veut du changement dans le football français et évoque le « nombre de clubs »

Vincent Labrune, notamment ancien président de l’Olympique de Marseille (2011-2016) qui occupe depuis peu ce poste au sein de la Ligue de Football Professionnel, a accordé une interview au Journal du Dimanche. L’occasion d’évoquer les difficultés du football français, pas seulement face à la crise mais aussi dans son développement en général. Il parle donc de solutions, avec notamment l’idée d’un changement de format.

Labrune « Nos compétitions sont d’abord à réinventer. »

« Tout l’écosystème du sport vacille. C’est la première fois que nous connaissons une crise de cette ampleur, sans issue claire pour l’heure. Oui, le football est en danger. Non, il n’est pas invulnérable. (…) Ma priorité, c’est de sortir de cette crise le plus tôt possible. Et de préparer cette industrie à devenir plus résiliente, plus stable et plus compétitive. (…)

Nos compétitions sont d’abord à réinventer. Il faut retrouver de l’incertitude sportive, accroître la compétitivité de nos clubs et créer un terreau fertile qui permette d’attirer de nouveaux investisseurs et partenaires afin de générer de nouvelles ressources. Il faut enfin unifier le football français, construire l’avenir ensemble en cessant de travailler en silo. 

On accorde à la Ligue 1 le fait de faire partie du top 5 européen : je trouve ça très flatteur en matière d’affichage, mais nous n’avons pas gagné une Coupe d’Europe depuis 1996, quand neuf autres pays l’ont fait depuis. (…) Il faut que nous trouvions le moyen de faire passer un cap aux plus gros clubs, par l’accroissement de leurs revenus. En même temps, il faut chercher à renforcer les plus petits et, par exemple, donner envie aux diffuseurs de miser davantage sur la Ligue 2.

Labrune « Il y a trop de compétitions, trop de clubs, trop de joueurs. »

Nous devons redessiner le format de nos compétitions. C’est obligatoire, sinon nous mourrons d’ennui en matière de spectacle et d’épuisement en matière d’investissements. De manière générale, en Europe, il y a trop de compétitions, trop de clubs, trop de joueurs. Ça tire le niveau moyen vers le bas. Il n’est pas question de ligue fermée. Il s’agit simplement d’ouvrir un débat sur le nombre de clubs participant à la Ligue 1 et à la Ligue 2. »

La calendrier est une piste, mais pas forcément la grande solution.

On se doute que les idées avancées par Labrune pourront animer les débats pendant de nombreuses semaines, voire des mois car de tels changements ne viendront pas facilement. C’est difficile de sortir des habitudes, des « traditions ». Cependant, il est bien possible que l’on y arrive petit à petit face à un constat de Labrune qui semble assez juste et que beaucoup d’observateurs répètent chaque semaine : la Ligue 1 a du retard sur la Serie A, la Bundesliga, la Premier League et la Liga. On voit aussi dans les rencontres européennes qu’il y a des difficultés dans des matchs face à des clubs de pays aux championnats plus « petits ».

Le fait d’avoir moins de clubs dans les championnats, 18 plus que 20 comme le fait la Bundesliga, pourrait être une idée. On peut tout de même souligner que l’Angleterre, l’Italie et l’Espagne s’en sortent bien en qualité et attractivité avec 20 clubs. Cela ne veut pas dire que ce ne pourrait pas être une bonne chose en France. Mais il y a déjà la Coupe de la Ligue qui a été enlevée pour alléger le calendrier. Et on ne voit pas vraiment comment avoir 18 clubs amènerait forcément plus de suspense.

L’essentiel semble surtout être dans l’ambition des clubs français. Beaucoup cherchent surtout à voir des comptes bien positifs et non à avancer sportivement. Les meilleurs jeunes sont souvent vite vendus. Surtout qu’ils sont attirés par l’étranger, où le niveau est annoncé comme meilleur et les clubs européens plus réguliers. Il faut briser ce cercle vicieux et voir les clubs afficher plus d’envie. La Ligue 1 n’est pas simple, car beaucoup d’équipes savent au moins défendre. Le souci étant de faire que cela face au PSG ou en Europe.

On a déjà vu des équipes proposer de bonnes choses en osant vraiment jouer face à Paris. Il s’agit aussi d’y croire. Beaucoup se fait dans la mentalité. Cela sur toute une saison comme sur un match. On le voit avec les concurrents supposés du PSG pour le titre qui se font surprendre dans les matchs plus « faciles », mais se plaignent du budget parisien ensuite.

Retrouvez nos articles sur Google News et MSN/Bing News :