Herrera se confie : sa place au PSG, la LDC, Messi, Mbappé, Neymar et Ramos

Ander Herrera, milieu de 32 ans du Paris Saint-Germain arrivé en 2019 suite à la fin de son contrat à Manchester United, a longuement répondu aux questions de Mundo Deportivo. L’Espagnol a évoqué sa place à Paris, le travail défensif, les grandes attentes autour de Paris (notamment en Ligue des Champions), les qualités exceptionnelles Lionel Messi (attaquant de 34 ans), l’avenir de Kylian Mbappé (attaquant de 23 ans sous contrat jusqu’en 2022), Neymar (attaquant de 29 ans), la présence de Sergio Ramos (défenseur central de 35 ans), la Ligue 1 et la sélection espagnole.

Herrera « Ces footballeurs qui font la différence ont besoin d’un bloc solide qui les aide, les protège et les accompagne. »

Si je me suis déjà demandé ce que je fais au milieu des stars ?

Être une star au travail ne vous empêche pas d’être une personne normale dans votre vie de tous les jours. Ces joueurs sont très médiatiques, il y a beaucoup de mouvement autour, et ils ont tout gagné ou presque, mais cela ne les rend pas étranges ou différents. De l’extérieur, tout est exagéré..

Il est nécessaire d’avoir ce profil médiatique pour jouer au PSG ?

Au PSG joue celui qui est est bon, qui s’adapte, qui plaît au coach et finalement au club. Vous n’avez pas besoin d’être médiatique. Nous avons des joueurs reconnus internationalement et d’autres qui ne le sont pas.

L’équilibre est important à trouver ?

C’est fondamental. Mais pour le PSG comme pour tous ceux qui aspirent à gagner. Je n’ai pas vu ou rencontré d’équipe championne qui l’ait fait exclusivement grâce au talent individuel. Ces footballeurs qui font la différence ont besoin d’un bloc solide qui les aide, les protège et les accompagne pour qu’ils soient les meilleurs possibles.

Herrera « cet effort est une obligation collective. »

Il y a des exemples qui montrent que l’équipe souffre dans le repli. C’est un manque d’engagement ?

Dans l’absolu. Je ne pense pas que l’équipe soit cassée. Ce qui se passe, c’est que nous avons des footballeurs avec un profil offensif très marqué, qui ont besoin du ballon et nous devons essayer de contrôler les matchs être à l’abri. Mais cet effort est une obligation collective, non de l’un ou de l’autre.

Il faut compenser le fait que Messi et Neymar courent mois ?

Je suis ravi de me multiplier sur le terrain, de courir treize kilomètres par match. J’aime le faire. Je veux faire partie de cette équipe et je le fais parce que je comprends, comme Verratti, Wijnaldum, Gueye, Paredes ou Danilo, que ces footballeurs qui ont la différence ont besoin du meilleur de nous pour être encore plus performants. J’enfile le bleu de travail avec le sourire et je le fais avec un immense plaisir car je sais que je suis dans l’un des meilleurs clubs du monde.

Herrera « en Europe, il y a huit ou dix autres équipes avec le

s mêmes chances de gagner. »

La Ligue des Champions est remportée par des équipes, pas des stars ?

C’est une question de temps pour construire la nôtre. Pochettino a déclaré qu’il n’était pas facile de passer quinze ans dans le même club, comme Messi ou Sergio Ramos, pour aller ailleurs et jouer comme si de rien n’était. Il y a une transition à faire. Et les équipes ont également besoin de cette période pour se consolider. Klopp a passé quatre ans sans rien gagner avec Liverpool.

C’est dur de parler d’échec si on ne gagne pas ?

Nous comprenons que les gens attendent le meilleur de nous, mais en Europe, il y a huit ou dix autres équipes avec les mêmes chances de gagner. Avec un talent similaire et dans certains cas après de nombreuses années avec la même idée. City, Liverpool ou encore Real Madrid, car Carlo Ancelotti connaît bien la maison. Le Bayern, bien sûr. Il nous reste à créer l’équipe.

Cela fait plusieurs années que l’on échoue ?

Mais cela ne génère pas de pression supplémentaire sur nous. En tout cas, nous aimons transformer cette exigence en espoir pour nous améliorer. Nous voulons gagner la Ligue des champions et nous allons essayer. Il n’y a pas de doute. Mais ce n’est pas parce que nous avons maintenant Messi, que l’on doit nous demander plus qu’aux autres.

Un favori entre le PSG et le Real Madrid ?

Un club qui compte treize Ligue des Champions, contre un qui n’a pas encore été champion d’Europe, doit être un petit favori. Nous non. Au milieux, on est égal à 50 %. Le Real Madrid n’a pas besoin d’être dans un bon moment pour soulever la Ligue des champions. Cela dit tout.

Herrera « Cela a une influence positive. »

Si j’aurais préféré que ce soit Manchester United ?

Dans des tirages d’un tel niveau, n’importe qui est un adversaire compliqué. Je n’ai pas vu le tirage, ni le premier ni le second. L’expérience me dit que les équipes qui ont joué les éliminatoires à l’avance ont perdu par la suite. J’essaie toujours d’être prudent et respectueux. Que ce soit le Real Madrid, le plus grand d’Europe de par son histoire, comme si c’était les Young Boys de Bayern – avec tout le respect que je leur dois – s’ils s’étaient qualifiés.

Avoir l’expérience de Ramos sera une aide en Europe ?

L’expérience est un plus. Avoir été dans des soirées déterminantes et dans des matchs avec tant d’histoire aide car ils ont déjà vécu cela et le scénario n’est pas nouveau pour lui ou pour des gens comme Messi, Keylor Navas, Di María ou Neymar, qui ont déjà été champions d’Europe. Ou pour Mbappé ou Kimpembe, vainqueur de la Coupe du monde avec la France. Cela a une influence positive.

Sergio Ramos a vécu des mois compliqués ?

Forcément. Il est habitué à se sentir important, à jouer et à diriger, cela n’a pas dû être facile. Il s’entraîne maintenant depuis deux ou trois semaines à un niveau fantastique et nous sommes optimistes. Cela se voit dans son caractère et dans le bonheur qu’il dégage.

Herrera « J’aime être utile. »

Il y a trop de joueurs dans l’équipe ?

Je n’y pense pas une seconde. Ce n’est pas dans mes compétences. Je me consacre à travailler et à essayer d’offrir des solutions à Pochettino pour qu’il pense que je peux aider l’équipe autant que possible. Cette question est plus pour l’entraîneur ou pour qui a fait ce groupe.

Quel poste je préfère ?

J’aime être utile. Aider. Faites partie du groupe. J’ai joué à plusieurs postes, même comme arrière droit avec Tuchel. Pivot et généralement relayeur. Cela dépend aussi beaucoup de l’adversaire. A ceux qui s’enferment, je préfère le rôle d’organisateur. Sentir que le jeu passe à travers mes pieds. Avoir plus de contact avec le ballon. Face à des équipes qui s’ouvrent davantage, en tant que relayeur, j’ai plus d’espaces pour jouer.

Pochettino a dit qu’il est difficile d’imposer un style. Penser à seulement gagner, c’est un message dangereux ?

Au PSG, nous avons l’obligation de gagner, mais je ne pense pas que nous méritons une punition si nous ne le faisons pas. Inculquer aux enfants qu’il est important de gagner ne me semble pas faux. Mais tout ne va pas. La manière compte aussi. Et c’est clair à Paris. Le club est ambitieux, majestueux, respectueux de ses adversaire.

Le comment doit être pris en compte. Mais ne vous y trompez pas : gagner est essentiel. Enfant, à Saragosse, j’ai été éduqué avec l’idée que perdre a aussi des conséquences. Aller dans un quartier de la ville et être vaincu était une humiliation.

Herrera « nous n’avons pas été constants tout au long d’un match. « 

Quelle est la marge de progression du PSG ?

Au cours de ces premiers mois de saison, il y a eu de bons moments de jeu, mais je pense que nous n’avons pas été constants tout au long d’un match. C’est notre objectif. Avoir plus de contrôle. Malgré de bonnes minutes, il nous est difficile d’avoir la supériorité du début à la fin.

Quel mensonge se répète le plus à propos du groupe ?

Beaucoup d’informations biaisées et manipulées arrivent. Au début ça peut te déranger, maintenant c’est drôle. Nous pourrions consacrer une conversation entière aux mensonges que j’ai entendus au sujet de cette équipe. Ce vestiaire est beaucoup plus sain qu’on ne le pense. Il y a des jeunes qui veulent s’amuser. Parfois on se fâche ? Bien sûr, comme dans n’importe quel travail, mais ensuite nous nous embrassons. Cette semaine, nous étions quelques-uns à l’anniversaire de Kylian et les bonnes vibrations sont évidentes.

Il y a une perception fausse de Neymar ?

Je me fiche de ce qui est dit à propos de Ney. Je le connais bien, c’est mon ami et il a un cœur énorme. Sans parler en tant que footballeur, qui est exceptionnel. Ce que disent des millions de personnes qui ne le connaissent pas n’a rien à voir avec mon expérience. Les amis et la famille qui m’ont rendu visite et ont passé du temps avec lui le confirment.

Ce qui lui manque pour avoir le Ballon d’Or ?

Ne pas avoir vécu à l’époque de Messi et Cristiano, qui n’ont laissé de place à personne d’autre qu’à Modric pendant un an. Ces deux gars ont remporté de nombreuses Ligue des Champions et cela aussi conditionne.

Herrera « Messi s’amuse et veut gagner au PSG. »

J’ai dit que Messi est un leader par l’exemple ?

Au cours de ma carrière, j’ai rencontré des dirigeants de paroles, comme Sergio Ramos, et plus tard, par exemple, comme Messi. Il a remporté son septième Ballon d’Or et s’entraîne et s’amuse comme s’il commençait à jouer maintenant. Aucune action à l’entraînement n’est prise comme une blague.

C’est difficile pour lui de s’adapter à Paris ?

Les joueurs du niveau de Messi raccourcissent le temps d’adaptation. Il jouera de la même manière en France, en Espagne, au Japon ou à Madagascar. Il fonde son style sur le ballon, sur la compréhension, sur le déséquilibre. Je veux démanteler ce mythe selon lequel il y a beaucoup de différence entre les championnats. Les bons sont bons partout.

C’est dur de quitter le Barça après tant d’années ?

Quoi que vous disiez, un titre va sortir. Pas seulement à Mundo Deportivo mais partout. Je préfère ne pas répondre. Ce que je dis, c’est qu’il a le Barça dans son cœur, qu’un jour il reviendra mais pour le moment il s’amuse et veut gagner au PSG.

Pour le voir à son meilleur niveau, c’est une question de contexte, de synergie, de coéquipiers ?

Parfois, nous avons déjà vu la meilleure version de Leo, comme contre City à domicile, mais je pense que c’est aussi la responsabilité de tous ceux qui l’entourent. Nous devons nous mettre à son service pour en tirer le meilleur. Normalement, les plus normaux doivent s’adapter à un nouveau contexte. Maintenant, c’est l’inverse car nous parlons du meilleur footballeur de l’histoire.

Herrera « Je me considère comme un privilégié. »

Il est en concurrence pour le trône avec Neymar et Mbappé ?

Kylian sera le meilleur joueur du monde pendant de nombreuses années à venir, mais nous sommes tous d’accord pour dire que Leo est le numéro un. Sans doute. Mbappé a une immense humilité et un désir d’apprendre de Leo.

Comment est leur relation ?

Les bons se comprennent. C’est une chimie naturelle. Ils parlent le même langage sur le terrain.

Je pourrai dire à mes petits-enfants que j’ai joué avec eux ?

Je me considère comme un privilégié. Sergio Ramos est le meilleur défenseur espagnol de l’histoire et l’un des plus grands au niveau international. Messi, le meilleur de tous les temps. Kylian va devenir une légende de ce sport. Difficile de ne pas profiter de ce moment au club.

Herrera « Il y a de la marge pour essayer de prolonger Mbappé. »

Il est possible de convaincre Mbappé de prolonger ?

Il y a de la marge pour essayer de prolonger Mbappé. Nous avons de nombreux exemples de footballeurs qui l’ont fait de février, mars ou jusqu’en avril. Il y a du temps.

On lui a offert un maillot « Mbappé 2050 », comment cela s’est passé ?

Phénoménal. C’est un gars ouvert, sympathique et drôle. Il comprend la vie avec humour et ce sont des blagues saines entre nous qui font un groupe. Nous ne mettons aucune pression sur son avenir. Je ne plaisante pas, nous ne parlons pas des situations contractuelles de personne dans le vestiaire.

Que peut-on lui offrir de plus ?

Je ne sais pas. C’est une question pour Leonardo et pour Kylian. Je veux aussi qu’il reste, parce que je veux être entouré des meilleurs et parce que je veux avoir de meilleures chances de gagner. Mais surtout il y a le respect. J’ai aussi quitté Manchester United à la fin de mon contrat et je voulais être respecté, comme si j’avais décidé de renouveler, car j’avais l’option.

Herrera « Il y a des coachs qui vous aiment et d’autres qui ne vous aiment pas. »

Le football français avance ?

Nous sommes tous d’accord pour dire que la Real Sociedad et Séville sont de grandes équipes. Eh bien, Monaco et Lille, les 6e et 8e de Ligue 1, n’ont pas perdu de matchs contre eux en Ligue des champions et en Ligue Europa. Cela parle de l’évolution qui s’est produite en France.

Les incidents dans les stades ?

C’est dommage. J’aime l’ambiance, que les Ultras chantent, que les stades soient pleins et que les supporters nous accompagnent loin de chez eux. Même avoir un accueil hostile lorsque vous jouez en tant que visiteur. Mais il y a une limite. Les bouteilles ne doivent pas être jetées sur le terrain, qui ne doit pas être envahi. Cela ne favorise personne. Ensemble, nous devons empêcher que ces choses se produisent.

Si j’espère encore jouer en sélection ?

Je suis réaliste, j’ai beaucoup joué avec le PSG, j’ai joué une finale de Ligue des champions, j’ai eu de bons moments et Luis Enrique ne m’a pas appelé. Il y a des coachs qui vous aiment et d’autres qui ne vous aiment pas. Représenter l’Espagne est un rêve mais si vous n’avez pas compté sur moi dans les meilleurs moments de ma carrière, je ne pense pas que je le ferai aux portes d’une Coupe du monde.

Il préfère les autres. Je le respecte. Et cela dit, il me semble qu’en Espagne, nous avons un entraîneur qui fait la différence, qui rend ses joueurs meilleurs. C’est ce que me disent les joueurs qui l’ont eu.