Chaque lundi, deux rédacteurs répondent à une question liée à l’actualité du Paris Saint-Germain. Cette fois, on se penche sur les doutes qui apparaissent autour du capitanat de Marquinhos (défenseur central de 27 ans) notamment après la défaite 3-0 ce dimanche contre l’AS Monaco (résumé vidéo de Monaco/PSG ici) dans le cadre de la 29e journée de Ligue 1. 

Nicolas : Il faut surtout que le capitaine soit mieux entouré.

Un manque de présence et répondant face dans la difficulté.

Il n’y a pas besoin d’être un fin observateur pour avoir remarqué l’absence de réaction du PSG dans les moments difficiles récents. Quand il a commencé à se perdre, il n’a pas fait les choses à moitié. On n’a alors pas vu Marquinhos insuffler une énergie, par l’encouragement ou la réprimande, afin de relancer ses coéquipiers. Pire encore, il a affiché une faiblesse individuelle inhabituelle. Comme avec son intervention sur le 3e but du Real Madrid en 8e de finale retour de la Ligue des Champions , un ballon renvoyé plein axe alors qu’il y avait d’autres options.

Il y a une faiblesse mentale inquiétante dans ce PSG. Les Parisiens ne savent pas répondre présent quand il y a une grande pression, ni retourner un match où les choses s’emboîtent mal pendant plusieurs minutes. A Madrid comme à Monaco, ils ont été balayés. Le capitaine peut alors être remis en question et peut-être qu’il y aurait des joueurs pour mieux occuper ce rôle. Cependant, c’est loin d’être une certitude tant il serait injuste de laisser Marquinhos en grand responsable de ces faillites collectives.

MARQUINHOS of PSG looks dejected during the UEFA Champions League match between Real Madrid and Paris at Estadio Santiago Bernabeu on March 9, 2022 in Madrid, Spain. (Photo by Anthony Dibon/Icon Sport)

Mais est-ce vraiment sa faute ?

Ce n’est pas au capitaine de préparer le groupe et former l’équipe pour jouer les matchs. Il y a un entraîneur, même s’il ne peut pas tout contrôler non plus. Les défauts dans le jeu qu’il n’arrive pas à résoudre, les choix hasardeux et le manque de force du groupe sont à mettre sur ses épaules avant celle du capitaine. Il est plus difficile de relancer une équipe sur le terrain quand elle n’a pas des bases fortes.

On peut aussi penser à des dirigeants souvent « absents » et qui ont surtout critiqué l’arbitrage après les échecs de cette saison. Les joueurs ont sans doute été trop protégés, avec trop peu de remises en question demandées. Le capitaine ne peut pas soudainement appeler ses coéquipiers à se réveiller quand la direction et le staff technique assurent régulièrement que tout va dans le bon sens. Le capitaine, comme l’entraîneur, ont aussi besoin d’un cadre posé par le club pour être le plus efficaces possibles.

Il faut aussi noter, pour l’entraîneur comme le capitaine, que l’échec du groupe vient aussi tout simplement des joueurs. Pour former un collectif fort, il faut des individualités qui se mettent à son service, avec des efforts au quotidien et durant les rencontres. Il est impossible de dire que l’on a le sentiment que tous font le maximum pour la réussite du PSG. Il n’y a même pas un minimum qui est respecté. Il devrait être impensable pour de tels joueurs de produire aussi peu de jeu au long d’une saison, avec autant d’immobilisme. C’est aussi à chacun de prendre ses responsabilités.

Le capitaine n’est pas le seul à pouvoir gueuler et on ne peut pas le résumer à cela.

D’ailleurs, il n’y a pas que le capitaine qui peut prendre la parole. Loin de là. Il y a d’autres leaders possibles que le porteur du brassard. Mais où sont-ils aujourd’hui ? Dans les années encore relativement récentes, il y a notamment eu des Thiago Motta et Zlatan Ibrahimovic qui pouvaient prendre la parole pour motiver leurs coéquipiers ou lancer des remontrances. Dans l’effectif actuel, personne ne vient ainsi pour porter l’équipe.

Il faut noter aussi que ce n’est pas la seule « mission » du capitaine. Il peut être amené à pousser son équipe dans des prises de parole sur le terrain, certes. Mais il doit déjà veiller à la bonne vie du groupe au quotidien, assurer un lien avec l’arbitre et globalement être un exemple. Sur ces points, difficile de faire des reproches à Marquinhos. On n’est pas au sein du groupe pour juger le premier point, mais il n’y a jamais eu un reproche fait au Brésilien.

Pour le reste, la mission semble bien remplie. Il n’est pas du genre à prendre des cartons pour une contestation (certains diront peut-être qu’il se laisse trop faire), il n’est pas un habitué des polémiques, semble avoir une vie tout à fait saine, n’est pas en retard et a peu de blessures. Sans oublier qu’il affiche régulièrement son amour pour le club et une certaine détermination sur le terrain. C’est aussi souvent Marquinhos qui parle après les échecs et cela avec une certaine franchise, avant même qu’il soit capitaine.

05 MARQUINHOS (psg) during the Ligue 1 Uber Eats match between Paris and Saint-Etienne at Parc des Princes on February 26, 2022 in Paris, France. (Photo by Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport) – Photo by Icon sport

Il est victime d’une mauvaise gestion.

Quant à sa méforme du moment, il faut aussi avoir à l’esprit que Marquinhos peut être tout simplement fatigué. Il a joué tous les matchs possibles depuis novembre, en étant de côté que quand il était en sélection (et donc pas au repos non plus). Cela fait plusieurs matchs que tout le monde voit qu’il est moins bien. Pourquoi n’a-t-il pas souffler ? Thilo Kehrer (25 ans) aurait largement pu dépanner, notamment en Ligue 1. Ou un jeune, pourquoi pas avec plus de 10 points d’avance en Ligue 1 ?

De toute façon, il faut « oser » faire tourner dans une saison. Les stars offensives sont souvent évoquées, mais cet enchaînement de matchs pour Marquinhos (et Kimpembe) est un symbole d’un Pochettino qui n’ose rien. Il met ceux qui sont sensés être les meilleurs sur le terrain et espère que ça marchera. Avec un tel entraîneur et une direction passive, il semble injuste de pleinement incriminer le capitaine.

Arthur : Marquinhos est un leader, mais il ne secoue pas ses partenaires

Il a connu les plus grandes défaites et les plus belles victoires

Naturellement intronisé capitaine après le départ de Thiago Silva, Marquinhos a tout pour être un bon capitaine. Tout ? Presque. Il est exceptionnel dans le jeu et quand le PSG tourne bien, son rôle de capitaine n’est pas remis en question. Lorsque le navire tangue, ce n’est pas lui qui va recadrer tout le monde. Il n’est pas comme cela et là est peut-être sa limite. Il faut oser le dire, cette équipe manque de leaders, de tempéraments, de joueurs charismatiques. Marquinhos a beaucoup de mal à se faire entendre et il n’arrive pas à remobiliser les troupes quand tout va mal.

Il était là pour la remontada, il a connu les échecs contre Madrid ou encore celui contre Manchester United. À chaque fois, l’équipe a souffert parce qu’aucun joueur n’a dit stop à ce qui était en train de se produire. On l’a vu, contre Madrid, il a perdu pied lui aussi alors qu’on l’attendait dans ces moments difficiles. Il a peut-être trop de souvenirs des déboires passés. Il n’en reste pas moins qu’il est quasiment irréprochable au PSG. Il se bat, il a fait d’énormes matchs et ses qualités ne sont plus à démontrer. Il lui manque juste cette « petite méchanceté ou agressivité » ou encore de dire les choses sur le terrain.

Un capitaine n’est pas l’alpha et l’omega

Thiago Silva avait son Zlatan Ibrahimovic ou encore Thiago Motta. Marquinhos n’a pas vraiment de profils similaires pour l’aider dans sa tâche. D’ailleurs, les problèmes les plus assourdissants, sont arrivés quand Zlatan n’était plus là et que Motta était au crépuscule de sa carrière. Marquinhos n’a pas de vrai relai. On a pu voir Danilo Pereira ne pas hésiter à parler ou encore Kylian Mbappé, mais ce n’est jamais avec la même intensité ou légitimité que le géant Suédois ou encore le magnifique milieu italien. Marco Verratti, Neymar sont plutôt des leaders techniques. Il y a un manque cruel qui aurait pu être comblé un temps par la présence de Sergio Ramos. Mais ce dernier a passé la majeure partie de la saison à l’infirmerie. Marquinhos est critiquable depuis quelques semaines, surtout après son match à Madrid. Mais il n’est pas le seul responsable, il n’a juste pas réussi à être à son niveau, emporter par la torpeur de la nuit madrilène.

Puis il y a l’entraîneur. C’est lui le vrai « capitaine » de route. Il a les rennes de l’équipe et doit impulser la force mentale à ses troupes. Il ne doit pas se tromper de discours. Mais Mauricio Pochettino ne respire pas la confiance sur son banc. C’est aussi un mauvais message envoyé à son capitaine sur le terrain. Il y a aussi Leonardo, le directeur sportif, qui doit trouver les bons éléments pendant le mercato pour constituer un groupe. Or, à part recruter des stars, il n’a jamais trouvé ces deux dernières années, le joueur de caractère qui aurait pu être écouté par tout le vestiaire. Aujourd’hui, ni le président, ni le directeur sportif, ni l’entraîneur n’ont élevé la voix avant, pendant ou après le match contre Madrid. Comment Marquinhos pourrait être le capitaine idéal quand les fondations ne l’aident même pas dans sa tâche.

Un capitaine est plus qu’une grande gueule mais il doit savoir recadrer tout le monde

Marquinhos sait parler à ses coéquipiers. Ces derniers ont confiance en lui. Mais le PSG est aussi trop dépendant de son mental et là, Marquinhos ne sait pas mieux s’y prendre que les autres. Quand on le compare au Sergio Ramos de la belle époque, le constat est flagrant. 

La hargne et les coups de pression de Ramos, quand Madrid n’allait pas bien, ont permis de transformer bon nombre de scénarios négatifs en victoire. Mais Ramos avait aussi un club derrière lui, un Cristiano Ronaldo capable de prendre le relai. Au PSG, Marquinhos n’est pas assez entouré, il a pour vice-capitaine Presnel Kimpembe, qui a aussi beaucoup de mal dans ce rôle. La plupart du temps, au PSG, le capitaine n’a jamais eu besoin de trop crier sur ses partenaires 

Mais quand l’équipe fait tout de travers et que le club s’enlise dans des comportements pas acceptables, le capitaine doit aussi être là pour dire les choses sur le terrain. Sinon, la peur s’empare de tout le monde. Au PSG, on reproche aux joueurs de ne pas assez courir, mais on n’entend jamais personne rien leur dire. Il n’y a pas de mouvements, mais personne ne dit rien ou presque. Le constat est implacable, le PSG est une équipe de soliste assez immature dans sa conception du football de haut niveau. 

À la différence, de nombreux clubs, le PSG possède des joueurs qui doivent être maternés. Mais ce n’est pas dans les gènes du projet qatari. Les joueurs sont trop protégés même quand ils ne sont pas à la hauteur. Même si Marquinhos avait l’étoffe pour brusquer un peu son équipe, ce n’est pas sûr qu’il soit entendu. Le message doit aussi venir d’en haut, du président, du directeur sportif et de l’entraîneur. Ce qui n’est pas le cas.

Marquinhos a joué 84 % des minutes possibles cette saison

Comme un symbole, le brésilien est de toutes les parties, il ne s’arrête jamais. Mauricio Pochettino ne l’a presque jamais fait souffler alors que la charge mentale de cette saison est étouffante. Il faut aussi savoir le dire, Marquinhos est comme en mission. Rare joueur irréprochable la saison dernière et sur ce début de saison, il est le leader de Pochettino avec Mbappé. 

L’Argentin compte sur eux. Ils ont répondu sur le terrain avec des prestations de qualité. Mais depuis quelques mois, Mbappé se comporte plus en capitaine. Il n’hésite pas à recadrer tout le monde devant les médias. Il le fait subtilement, mais ses mots sont plus forts que ceux de Marquinhos. Les deux joueurs sont les deux plus utilisés par Pochettino ce qui est aussi normal au regard des prestations. 

Mais Paris avait besoin d’un capitaine frais dans sa tête comme dans ses jambes et malheureusement, la gestion de son temps de jeu l’a fait accuser le coup au pire moment. Il a raté le match le plus important de la saison pour Paris et comme les autres, il est en partie responsable. Il faut que le PSG trouve des leaders relais pour le brésilien. Il ne peut pas être le seul défenseur de l’équipe, le seul capitaine. Il lui faut du joueur de caractère qui n’aura pas peur de se confronter aux indisciplinés. Ibrahimovic n’aurait jamais accepté certains comportements, Thiago Motta non plus. Marquinhos ne peut pas être une sorte de parent qui « engueule » ses enfants quand ils font des bêtises. On attend de lui plus dans son impact sur l’équipe, mais il faut qu’il soit épaulé à l’avenir. 

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