Riolo répond aux Ultras qui ne veulent pas des huis clos « Ils pensent à leurs petits intérêts »

Petit à petit, un scénario de reprise de la saison 2019-2020, suite à sa suspension à cause de l’épidémie du coronavirus, se dessine. Cela avec un championnat qui reprendrait en juin et des compétitions européennes jouées en août. Cela avec très probablement des huis clos dans tous les stades ou presque durant la majeure partie des rencontres, si ce n’est toutes. Une solution qui déplaît aux groupes Ultras en France et 45 d’entre-eux (dont le Collectif Ultras Paris, groupe principal de supporters du Paris Saint-Germain) ont signé un communiqué pour dénoncer cette décision. Ils critiquent notamment l’importance de l’argent dans cette solution et demandent à ce que le football attende que les stades puissent se remplir pour jouer. Daniel Riolo, journaliste de RMC Sport, a réagi sur RMC Sport avec un long édito. Lequel vise à rappeler aux Ultras qu’ils ne peuvent pas décider et oublient quelques aspects de cette crise.

Riolo « aujourd’hui les caisses des clubs sont principalement remplies par les télés. »

« On peut vouloir changer le monde et trouver un autre moyen de financer le foot, mais toujours est-il qu’aujourd’hui les caisses des clubs sont principalement remplies par les télés ! Il y a là le premier grand combat des Ultras. La télé, ce grand méchant loup sans cesse vilipendé. La relation entre foot et TV a beau être antérieure à la création des groupes de supporters, certains croient utiles de mener ce combat d’arrière-garde. (…)

La réponse fuse: nous on sera toujours là. L’argent des TV est sans odeur pour nous. Il n’y aurait plus de bons joueurs sur le terrain, un stade vétuste et au trois quart vide, une pelouse pourrie… mais nous on sera toujours là! On veut bien le croire et c’est pour ça qu’ils s’appellent Ultras. (…)

Riolo « Ils veulent être là ou rien. Même si les clubs peuvent couler, même si des employés du  club peuvent perdre leur emploi? »

La critique des dirigeants affichant mesquinerie et intérêts privés est recevable. Dans cette crise, le foot français a le plus souvent affiché un visage honteux. Comme s’il avait fallu quelques semaines pour comprendre que sans démarche collective, il n’y aurait pas de salut! Ce sont les télés en déclarant une cessation de paiement qui ont provoqué l’unité! (…)

Très vite il est apparu que la priorité était de finir le championnat coûte que coûte. (…) Il apparaît qu’une reprise en juin et à huis clos est envisageable. Ce huis clos ne passe pas pour les Ultras. Ils veulent être là ou rien. Même si les clubs peuvent couler, même si des employés du  club peuvent perdre leur emploi ? Ils ne peuvent pas surmonter l’effort du stade vide?

Ils avaient anticiper la réponse: ‘Pas de stade sans public. Le football reprendra en temps voulu, quand les conditions sanitaires et sociales seront réunies. Le foot coûte que coûte est une honte’.

Riolo « Derrière la soupe de bons sentiments, il y a quoi? Rien, le néant. »

J’ai un peu de mal à croire que la reprise se fera sans l’assurance de bonnes conditions sanitaires. Et sans leur faire offense, ce ne sont pas les Ultras qui seront amené à juger de ça. Alors il reste quoi? Le stade vide pour contenter la télé! On y revient car tout est là. Derrière la soupe sociale, il y a la dénonciation du foot business! (…) Je leur propose English Game, sur Netflix. Ils verront que le foot business a été inventé par les ouvriers et que pleins de gens vivent grâce à l’argent du foot. Mais eux s’en foutent. Ils pensent à leurs petits intérêts, leur rêve d’appropriation du foot. (…)

Derrière la soupe de bons sentiments, il y a quoi? Rien, le néant. Et si des gens se retrouvent à la rue à cause des problèmes éco qui suivront la crise sanitaire, pas de problème, ils iront les aider. L’important c’est de rêver un monde nouveau, pas de le vivre. »

Un discours sans doute un peu dur.

Comme souvent, Riolo est sans doute un peu dans l’exagération. Il n’apparaît comme juste de placer les Ultras en égoïstes qui ne réfléchissent pas assez et désignent trop simplement la télévision comme grand méchant du football. Ils ne sont pas les seuls à se plaindre de l’argent dans le football. Plusieurs dirigeants ont évoqué ces derniers jours le besoin de réflexions et discussions pour améliorer un système qui était devenu clairement déraisonnable déjà avant la crise liée au coronavirus. C’est un discours qui doit être écouté, même si on sait à quel point il sera difficile de mettre en place de vrais grands changements de la façon de faire. Surtout que le football ne s’est pas effondré simplement par sa faute. C’est lié à un événement extérieur.

Face à ce dernier, il faut s’adapter. C’est là que le discours des Ultras est peut-être plus étrange. On ne peut pas remettre en question leur place dans le football. Tout le monde aime les grosses ambiances autour des matchs et leur travail, pour préparer cela ou en général dans l’aide apportée à la société, est remarquable. D’autant plus en ce moment face à la crise.

Des éléments qu’ils ne doivent pas oublier de prendre en compte.

Cependant, ils ont en effet un peu trop tendance à se placer comme pilier du football à qui tout le monde devrait le plus grand respect et qui pourrait presque faire ce qu’il veut, puisqu’il est l’essentiel. Il y a pourtant bien d’autres personnes qui participent au football. Les supporters qui ne sont pas des Ultras, les joueurs, les staffs, les dirigeants, les personnes de l’administration, ceux qui s’occupent des installations, du matériel et d’autres encore. Il y a aussi ceux qui travaillent autour de ce sport si passionnant sans être dans un club.

Il ne faut pas les oublier. Et une grande partie est en difficulté à cause de cette crise. Bien sûr, dans l’idée de « vite » reprendre la saison, il y a l’argent. Comme dans beaucoup de choses finalement. Ce n’est pas pour cela que c’est forcément mal ou particulièrement cupide. Il y a des gens qui sont dans le football qui ne gagnent pas particulièrement beaucoup d’argent au quotidien et à qui la reprise ferait le plus grand bien. C’est bien de ne pas les mettre de côté. Evidemment, le huis clos n’est pas idéal. Tous les amoureux du football veulent retrouver les matchs « normaux ». On comprend que les Ultras aient envie d’avoir leur place dans la reprise du football. Mais il faut par moments accepter la moins pire des options pour le bien de tous.

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