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Unai Emery "On peut perdre un match sur n’importe quoi, mais pas au mental"

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Unai Emery « On peut perdre un match sur n’importe quoi, mais pas au mental »

Unai Emery, le nouvel entraîneur du Paris Saint-Germain (il remplace Laurent Blanc), a livré une très longue interview dans So Foot. Le coach espagnol, notamment passé par le FC Valence et le FC Séville, y évoque notamment la mentalité qu’il veut installer dans son groupe de joueurs et la relation qu’il veut avoir avec son équipe.

« Je n’ai jamais eu de psychologue parce que je pense que c’est un métier qui fait peur aux joueurs. Je préfère plutôt me servir de mes expériences personnelles ou de mon passé de joueur. Sinon, je lis beaucoup de livres qui traitent de leadership, de cohésion de groupes. En ce moment, je m’intéresse à l’intelligence émotionnelle. C’est un bon moyen de s’affirmer et de devenir un leader dans le vestiaire. L’intelligence émotionnelle me permet aussi de savoir comment manager un groupe qui partage des langues, des cultures et des éducations différentes.

(…) La psychologie, c’est comme faire des scénarios : il faut inventer des situations pour que les joueurs visualisent bien ce qu’ils ont à faire. Sur le terrain, je ne veux pas que mes joueurs soient surpris ou impressionnés, ça voudrait dire que j’ai mal travaillé. On peut perdre un match sur n’importe quoi, mais pas au mental.

Comment ça se passe au quotidien?

Je travaille le mental à un niveau personnel et collectif. Je fais tout pour exacerber la rage de vaincre et aiguiser l’esprit de compétition au sein de mon groupe. Quand j’ai deux joueurs pour un même poste, je n’hésite pas à chauffer un peu celui qui ne joue pas. Je choisis mes titulaires en fonction de leur dépassement de soi. Il faut qu’il me montre physiquement et mentalement qu’il a été meilleur que les prétendants au même poste durant la semaine pour jouer le week-end.

Des entraîneurs qui ne parlent pas aux joueurs?

C’est quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. Un entraîneur qui ne parle pas à ses joueurs, c’est triste. À quoi ça sert d’être froid ? À rien. Moi, je donne beaucoup d’affection. Une équipe, c’est une famille, où le dialogue est ultra-important. Dans mon vestiaire, je propose et je dispose, mais je suis assez consensuel. Je ne veux pas être un dictateur. Ce que je cherche, c’est rassembler 22 personnes autour d’un projet commun.

Dans cette salle, il y a généralement 25 joueurs assis qui écoutent leur entraîneur. Ceux qui veulent se cacher ou qui ont peur se mettent toujours au fond. Quand je vois qu’ils sont mous, je les fais venir au premier rang. Je veux qu’ils participent et qu’ils me donnent leurs opinions. Quand tu es au fond de la classe, tu ne fais rien. Je suis bien placé pour le savoir, parce que j’y ai passé toute ma scolarité : ça me permettait de regarder les filles. Ici, il n’y a pas de filles à reluquer donc je ne vois pas l’intérêt qu’ils ont à se mettre au fond, d’autant qu’on entend moins bien… Le football, c’est une sélection naturelle perpétuelle. Constante. Implacable. Les pros qui n’ont pas compris ça finissent par être démasqués rapidement.

Symptomatique d’autres problèmes?

(…) Quand un joueur n’a pas participé à la défaite, il est tout de suite moins déprimé. Il se sent libéré, mais moi, j’appelle ça de la lâcheté. Quand je donne un coup de pied à un joueur, j’ai envie que tout le groupe disent : «?Aïe !?» Les victoires et les défaites sont collectives. C’est pour ça que je fais autant de turn-over. J’ai envie que tout le monde se sente concerné.

Un bon entraîneur?

C’est celui qui arrive à optimiser au mieux le rendement des joueurs qu’il a à disposition. Un bon entraîneur doit être une machine à créer de la confiance. Quand je vois un de mes joueurs qui marche la tête basse, je vais le voir direct : «?Hé toi, qu’est-ce que tu fous là ??» Je le prends par les cheveux et je le redresse : «?C’est comme ça qu’il faut se tenir !?» Je suis un optimiste. (Il s’emballe) Actif, proactif ! Tu comprends ? Quand un joueur baisse la tête, je lui colle une baffe : «?Bam !?» Je veux des joueurs fiers, pas des victimes. »

Difficile d’ajouter des choses aux propos d’Emery, qui semble être un grand entraîneur. Bien sûr, les déclarations ne font pas tout, encore moins dans le sport (seule la vérité du terrain compte, on le sait très bien!). Mais il faut avouer que ces propos sont très encourageants.

Avec Emery, on ne devrait plus voir de journaliste se plaindre de voir un entraîneur qui ne fait rien, qui ne fait qu’accompagner. On s’attend même à voir un 12e homme, voire 13 avec les supporters… et même une vingtaine avec les remplaçants tant le coach insiste sur le fait de concerner tout un groupe.

Si on a eu le sentiment qu’il y avait comme un manque « d’âme » lors des derniers quarts de finale de Ligue des Champions du PSG, au moment où il fallait aller chercher des forces supplémentaires pour surmonter un obstacle difficile, il semble qu’Emery apportera tout le menu. Envie, agressivité, détermination, concentration, jeu.. tous ces ingrédients ne devraient plus être en rupture de stock.

De belles promesses donc, mais il ne faut pas penser que tout sera visible dès les premiers matchs. Il faut un certain temps pour imprimer sa philosophie dans un groupe, un club. Et il faut que les joueurs s’habituent aux nouvelles façons de faire, que ce soit à l’entraînement, pour préparer les matchs ou une fois sur le terrain. Il y a de quoi être confiant pour le nouveau cycle dans lequel se lance le PSG, mais il ne faudra pas oublier d’être patient. Et bien sûr d’encourager l’équipe, car Emery ne veut pas faire sans le public et compte sur tous les Parisiens.

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