Carrière trouve Mbappé condescendant et règle ses comptes avec l’individualisme dans le foot

par
Arthur
le 25 mars 2022 à 20:40

Eric Carrière, ancien joueur et désormais futur ex-consultant pour Canal +, a donné une interview à L’Équipe pour expliquer les raisons pour lesquelles il quitte le monde du football. Il ne se reconnait plus dans les valeurs actuelles de ce sport où l’individualisme a pris le dessus et gangrène les équipes. Pour appuyer ses propos, il tacle sévèrement Kylian Mbappé, attaquant de 23 ans, qui selon lui n’est pas irréprochable dans son attitude. Il n’aime pas ce que le football est devenu et le fait savoir.

Carrière « Kimpembe est très fort mais il va mettre des boîtes et dès qu’il prend un petit coup, c’est la fin du monde »

« Je sais ce que c’est de prendre un ballon dans le visage, on me ressort souvent cette photo (de lui, le visage écrasé par le ballon lors du match de Ligue Europa entre Lens et Grodzisk en 2005, ndlr). Cela fait mal mais bon, ça va. Là, tu as des mecs, ils font 1,90 m, ils marchent comme ça (il imite un joueur bombant le torse) et tu les touches à peine, ils restent au sol. Kimpembe est très fort mais il va mettre des boîtes et dès qu’il prend un petit coup, c’est la fin du monde! Je n’ai pas non plus envie de voir Mbappé se tourner vers le public et lever les bras parce que Danilo ne lui met pas le bon ballon. Ce n’est pas un bon comportement. Toutes les mauvaises attitudes qu’on laisse passer, qui sont autorisées, viennent polluer cet esprit d’équipe. L’individualisme, c’est hyper contagieux »

Carrière « On n’est plus dans du sport collectif »

On n’est plus dans du sport collectif. C’est comme Guy Roux, que j’ai connu à Lens et qui mettait du strap sur le logo de l’équipementier du club parce qu’il voulait son propre contrat perso. Comportement individualiste. Dire que l’argent gagné par la Fédé ne sera pas reversé au foot amateur… C’est beaucoup plus compliqué que ça.

Carrière « On me rétorque qu’il est irréprochable depuis le début de saison. La preuve que non »

De l’argent pro qui part vers le monde amateur, il y en a, cela pourrait être mieux mais là, ça fait un peu « moi je suis au top et la Fédé, ça ne va pas ». C’est aussi un des éléments qui m’amènent à arrêter, c’est qu’on ne peut pas dire ce que l’on pense des joueurs. Je suis désolé mais Mbappé est condescendant avec ses adversaires. Il est meilleur, plus rapide et parfois les autres font faute sur lui par maladresse. Et on me rétorque qu’il est irréprochable depuis le début de saison. La preuve que non. »

Le coup de gueule d’Eric Carrière est intense. Il n’y va pas par quatre-chemins et regrette activement cet élan d’individualisme dont le football est victime. On peut bien sûr le comprendre. Les réseaux sociaux, la notoriété démesurée, l’argent, les médias sont autant de pôles qui ont participé à changer en profondeur le football moderne. Carrière dénonce des attitudes. Comme celle d’un joueur costaud, dur sur l’homme qui se roule par terre au moindre coup qu’il subit, ou encore les gestes d’agacement des uns envers les autres.

Tout cela participe à mettre une mauvaise ambiance et ne permet plus aux équipes de jouer dans la sérénité. Il y a peut-être trop d’enjeux que tout le monde est obligé d’avoir un comportement protecteur envers lui-même. « L’individualiste, c’est hyper contagieux « , cette phrase prononcée par Carrière tombe sous le sens. Si un joueur s’agace et qu’il recommence, les autres vont se dire qu’ils peuvent faire la même chose. Chacun prêche pour sa propre paroisse.

Mais faut-il rappeler que le football est un sport collectif. Mieux, un sport avec de nombreuses personnes, hors joueurs, qui sont impliquées dans les projets ? Cela semble bizarre d’aborder ce sujet, mais à l’heure où la planète vit plusieurs crises, le football ne sert plus d’exemple. Chacun se recroqueville sur lui-même et ne pense plus à l’équipe ou à l’environnement qui est le sien.

Mbappé figure de l’individualisme ?

Mbappé est clairement pris pour cible par Carrière. Ce dernier n’en peut plus de ne pas pouvoir critiquer les joueurs sous prétexte qu’ils sont les meilleurs. Encore une fois, cela paraît logique. Si on ne dit rien, on cautionne, si on critique, on est haineux. Mais il y a un juste-milieu, on peut aimer tel ou tel pan d’une personnalité et trouver qu’une autre partie n’est pas en adéquation avec nos valeurs.

Mbappé a refusé d’aller vers les sponsors de l’Équipe de France. Il s’est mis en individu face à ce qu’il considère injuste et souhaite rebattre les cartes. On peut l’entendre, mais il agit de la sorte car il est devenu ce qu’il est devenu une icône. Même le président de la Fédération Française de football n’a pas souhaité le recadrer. C’est dire l’importance qu’il a prise dans le football.

À Paris, Mbappé joue au chat et à la souris avec le club, il peut vouloir gérer sa communication, mais il peut aussi penser au club et dire les choses comme elles sont. Non. Le numéro 7 parisien est l’homme qui réfléchit le plus longtemps sans se soucier de ce qu’il y a autour de lui. Les autres ne sont pas des partenaires, mais des éléments pour lui permettre de gravir les échelons.

S’il ne veut pas rester, c’est respectable, il a le droit, mais qu’il le dise. Et quid du PSG qui cherche à tout prix à le garder. Mais c’est cela qui pose problème dans le football. C’est de penser qu’un élément est indispensable. Or, personne ne l’est. Le meilleur projet n’est pas celui qui comptera Mbappé dans ses rangs, mais bien celui qui jouera la carte équipe, club, institution.

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